Claire, Eliam, Jaren & Siméon : vivre le deuil d'une mamange
Claire a 3 enfantsâŻ: Eliam et Jaren vivent, grandissent, apprennent. SimĂ©on est parti. Claire a accouchĂ© de son 2Ăšme fils sans vie. Claire est une mamange. Elle a vĂ©cu ses 3 grossesses diffĂ©remment, ses 3 accouchements Ă©galement. Comment vivre ce deuil qui semble insurmontableâŻ? Comment revivre une grossesse sereinementâŻ? Merci Claire de nous avoir livrĂ© ton tĂ©moignage si Ă©mouvant. Bonne lectureâŠ
Qui es-tu�
PrĂ©nomâŻ: Claire
Age actuelâŻ: 28 ans
PrĂ©noms de mes enfantsâŻ: Eliam, Jaren et SimĂ©on notre petit ange
Age actuelâŻ: 5 ans et 1 an
3 grossesses vĂ©cues diffĂ©remment, la joie puis lâinquiĂ©tude
avec mon ostéopathe pour aider mes organes à retrouver une place et un fonctionnement optimal
Mon premier fils est arrivĂ© comme une jolie surprise dans nos vies. Je ne mâĂ©tais absolument pas prĂ©parĂ©e. Pour ma deuxiĂšme grossesse, je suis tombĂ©e enceinte trĂšs rapidement, dĂšs le premier mois dâessai. Jâutilisais la mĂ©thode de la symptothermie (note de lâauteureâŻ: mĂ©thode de planification familiale naturelle qui complĂšte la mĂ©thode des tempĂ©ratures. Cette mĂ©thode dâobservation de la fertilitĂ© permet de dĂ©tecter lâovulation et donc les pĂ©riodes de fertilitĂ© fĂ©minine et qui peut donc ĂȘtre utilisĂ©e pour favoriser les grossesses ou comme mĂ©thode contraceptive) comme contraception entre mes deux grossesses, donc ça mâa aidĂ© Ă bien connaĂźtre mon corps et mon cycle.
Jâavais auparavant pris un RDV avec ma sage-femme et jâavais commencĂ© Ă prendre de lâacide folique. Pour ma troisiĂšme grossesse le combat a Ă©tĂ© plus long. Notre deuxiĂšme fils est nĂ© sans vie Ă 37 SA. 3 mois aprĂšs son dĂ©cĂšs, nous avons voulu rĂ©-Ă©ssayer dâavoir un enfant, mais jâai mis 1 an Ă avoir Ă nouveau une ovulation. Je suis tombĂ©e enceinte dĂšs cette premiĂšre ovulation. Entre temps jâavais eu des Ă©chographies de contrĂŽle, des RDV avec ma sage-femme et ma gynĂ©cologue. Jâavais pris de lâacide folique et un traitement pour faire revenir mon cycle (qui nâa pas marchĂ©). Jâavais Ă©galement pris un RDV avec ma naturopathe pour modifier mon hygiĂšne de vie et avec mon ostĂ©opathe pour aider mes organes Ă retrouver une place et un fonctionnement optimal.
que je ferais mieux dâavorter si je ne voulais pas gĂącher ma vie âŠ
Pour ma premiĂšre grossesse, jâai trouvĂ© que jâĂ©tais trĂšs fatiguĂ©e et essoufflĂ©e en montant les escaliers pour rentrer alors que ce nâĂ©tait pas le cas avant. En cherchant sur internet jâai dĂ©couvert que ça pouvait ĂȘtre signe de grossesse donc jâai fait un test de grossesse, le jour oĂč jâaurais dĂ» avoir mes rĂšgles, qui sâest avĂ©rĂ© positif. JâĂ©tais complĂštement abasourdie et perdue. JâĂ©tais en stage Ă Paris et je devais partir 2 mois aprĂšs Ă Lyon puis ensuite au Mexique pour finir mes Ă©tudes. Mon chĂ©ri aussi Ă©tait sonnĂ© au moment de la nouvelle (je lui ai dit le soir mĂȘme en rentrant du boulot). On a attendu dâavoir la confirmation de la prise de sang pour en discuter et envisager lâavenir. On a trĂšs vite dĂ©cidĂ© de garder ce bĂ©bĂ© et dâajuster nos plans. Je nâai rien dit au boulot comme je devais partir 2 mois plus tard. Par contre jâai dĂ» appeler mes rĂ©fĂ©rents pĂ©dagogiques Ă lâĂ©cole et jâai eu des rĂ©actions horribles. On mâa dit que jâĂ©tais complĂštement inconsciente, quâil y avait dĂ©jĂ eu des cas par le passĂ© et que ça câĂ©tait toujours mal terminĂ©, que je ferais mieux dâavorter si je ne voulais pas gĂącher ma vie ⊠Au niveau familial, on a eu la chance dâĂȘtre totalement soutenu par nos parents.
Pour ma deuxiĂšme grossesse je lâai appris par un test de grossesse fait 2 jours avant la date prĂ©sumĂ©e de mes rĂšgles. Le papa attendait avec tout autant dâimpatience que moi le rĂ©sultat. Les rĂ©actions ont toutes Ă©tĂ© positives de la part de notre entourage.
Pour ma troisiĂšme grossesse, aprĂšs avoir enchaĂźnĂ© les tests de grossesses nĂ©gatifs pendant 11 mois, jâavais dĂ©cidĂ© de ne plus en faire avant le retour de mes rĂšgles. Jâaurais pu attendre longtemps si je nâavais pas eu des nausĂ©esâŻ! Jâavais tellement dĂ©cidĂ© de lĂącher prise que jâai dâabord cru Ă une gastro. Au bout de 4 jours, voyant que ça ne passait pas et aprĂšs un rĂȘve de test de grossesse positif jâai dĂ©cidĂ© dâen faire un. Il Ă©tait positif et jâai directement couru lâannoncer Ă mon mari. Les rĂ©actions de notre entourage Ă©taient positives mais on sentait bien quâils avaient peur pour nous et pour lâissue de cette grossesse. Lâinsouciance de la grossesse Ă©tait brisĂ©e pour nous tous.
jâai commencĂ© par perdre du poids au premier trimestre
Pour chaque grossesse jâai eu des nausĂ©es les 3 premiers mois. Il nây avait que le Canada Dry qui me soulageait. Jâavais Ă©galement des maux de dos et lâostĂ©opathe mâa montrĂ© des Ă©tirements spĂ©ciaux grossesse sur le swissball qui mâont soulagĂ©s. Jâai aussi eu des remontĂ©es acides. Jâai consultĂ© ma naturopathe qui mâa conseillĂ© de ne plus boire aprĂšs le repas du soir et de boire de lâeau argileuse pour calmer. CâĂ©tait assez efficace sur moi. Pour toutes mes grossesses jâai commencĂ© par perdre du poids au premier trimestre (merci les nausĂ©es) et ensuite jâai pris entre 9 et 15 kilos.
jâavais envie de cornichon, de sel et de hamburger
Jâai toujours fait trĂšs attention aux aliments dĂ©conseillĂ©s. Pour ma premiĂšre grossesse jâavais trĂšs envie de cornichons. Pour ma deuxiĂšme, de raviolis en boĂźte. Pour ma troisiĂšme grossesse jâavais envie de cornichon, de sel et de hamburger
Jâutilise essentiellement des produits âbrutâ
Avant mes grossesses je faisais dĂ©jĂ attention aux cosmĂ©tiques que jâutilisais. Jâai donc continuĂ© pendant mes grossesses. Jâutilise essentiellement des produits âbrutâ (huile de coco, dâamande, savon de marseille âŠ) et de prĂ©fĂ©rence bio.
jâai utilisĂ© une huile pour masser le pĂ©rinĂ©e et bu des tisanes de framboisiers
Pour mon premier accouchement, jâai suivi la prĂ©paration Ă lâaccouchement avec ma sage-femme. Mon mari mâa accompagnĂ© Ă certaines sĂ©ances. CâĂ©tait intĂ©ressant et nĂ©cessaire pour moi car je nây connaissais absolument rien et je nâavais aucune amie dĂ©jĂ passĂ© par lĂ pour mâaider. Pour mon deuxiĂšme jâai Ă nouveau suivi quelques cours avec ma sage-femme. Jâai aussi fait une sĂ©ance dâostĂ©opathie avec ensuite des exercices sur le ballon pour prĂ©parer le bassin. Jâai utilisĂ© une huile pour masser le pĂ©rinĂ©e et bu des tisanes de framboisiers. Jâai aussi pris un rdv avec mon mĂ©decin homĂ©opathe. Je ne me souviens plus le noms des granules mais jâen avais Ă prendre pour prĂ©parer lâaccouchement puis pour le jour J et lâallaitement. Pour mon troisiĂšme, je ne voulais absolument pas accoucher avant le 8 octobre (anniversaire de mon aĂźnĂ© et il Ă©tait prĂ©vu pour le 27 octobre mais jâaccouche toujours plus tĂŽt) donc je nâavais rien commencĂ© et je nâai pas eu le temps⊠il est arrivĂ© le 9 octobre.
Nous avons toujours voulu savoir le sexe de nos bĂ©bĂ©s. Pour moi câest important pour me projeter et prĂ©parer les affaires de bĂ©bĂ©. Jâen ai besoin pour crĂ©er une relation plus concrĂšte avec mon enfant que juste âle bĂ©bĂ©â mais plutĂŽt âmon filsâ.
Sentir que son accouchement est proche et se préparer mentalement
jâai eu trĂšs envie de nettoyer toute la maison
Pour mon premier accouchement, jâai eu trĂšs envie de nettoyer toute la maison, puis une grosse fatigue brutale. Jâai fait une sieste toute lâaprĂšs midi. Les contractions ont commencĂ© Ă minuit. Elles ont trĂšs rapidement Ă©tĂ© rĂ©guliĂšres donc je savais que câĂ©tait le grand jour. Jâai dit Ă mon mari de se reposer en dĂ©but de nuit parce que jâĂ©tais mieux seule et je savais quâil allait falloir aller Ă la maternitĂ© dans la journĂ©e. Jâai beaucoup utilisĂ© le ballon. Ca me soulageait Ă©normĂ©ment. Jâai aussi profitĂ© de ce moment pour manger et boire parce que je savais quâĂ la maternitĂ© je nâen aurais plus lâopportunitĂ©. Jâai bouclĂ© tranquillement ma valise. Vers 5h câest devenu plus rapprochĂ© mais câĂ©tait toujours trĂšs supportable. On a chargĂ© la valise dans la voiture et on a attendu encore un peu. Jâavais Ă la fois hĂąte que mon fils naisse pour le rencontrer et en mĂȘme temps jâĂ©tais assez anxieuse sur le dĂ©roulĂ© de lâaccouchement. On sâest dĂ©cidĂ© Ă partir pour la maternitĂ© vers 7h30 pour Ă©viter les bouchons (nous vivons en rĂ©gion parisienne).
câest le ballon qui mâa permis de supporter la douleur
Pour mon deuxiĂšme accouchement, jâai eu le pressentiment que lâaccouchement allait ĂȘtre imminent et jâai donc fini de prĂ©parer la maison, vĂ©rifiĂ© les moyens de garde pour mon aĂźnĂ©, prĂ©parĂ© ses affaires pour le lendemain ⊠Vers minuit Ă©galement jâai commencĂ© Ă avoir des contractions assez fortes, mais pas rĂ©guliĂšres. Jâai quand mĂȘme rĂ©ussi Ă mâendormir jusquâĂ 5h du matin. A ce moment-lĂ le travail est devenu douloureux mais toujours irrĂ©gulier. Encore une fois, câest le ballon qui mâa permis de supporter la douleur. Par contre jâĂ©tais incapable de manger ou de boire. Vers 6h30 nous avons appelĂ© ma belle mĂšre et ma belle soeur pour quâelles viennent garder notre fils. Pendant lâattente jâen ai profitĂ© pour boucler la valise et mon mari lâa chargĂ©e. Ma belle-mĂšre est arrivĂ©e vers 8h et nous avons filĂ© Ă la maternitĂ© pour Ă©viter les bouchons.
nous nous sommes dĂ©pĂȘchĂ©s de ranger la dĂ©coration et la vaisselle dâanniversaire
Pour mon troisiĂšme accouchement, jâavais eu une premiĂšre soirĂ©e de contractions 5 jours avant. JâĂ©tais mĂȘme allĂ©e Ă la maternitĂ©. On nous avait gardĂ© toute la nuit et le lendemain jâĂ©tais ressortie avec une date de dĂ©clenchement 6 jours plus tard. Je faisais des monitoring quotidiennement et chaque jour la sage-femme me disait que câĂ©tait pour aujourdâhui vu le nombre de contractions. Mais chaque jour jâespĂ©rais que ce ne soit pas le cas pour pouvoir ĂȘtre avec mon fils pour son anniversaire. La veille de mon accouchement, câĂ©tait les 4 ans de mon aĂźnĂ©, nous avons passĂ© la journĂ©e en petit comitĂ©. Jâai Ă©galement eu un monitoring ce jour lĂ et jâai dit Ă ma sage-femme que câĂ©tait sĂ»rement le dernier puisque jâallais accoucher dans la nuit. Quand ma belle-soeur et mon beau-frĂšre sont partis, on leur a dit de bien rester proche de leur tĂ©lĂ©phone parce quâon Ă©tait sĂ»r que ça arriverait cette nuit lĂ . Vers 19h jâai senti un peu de liquide couler. Je savais que ce nâĂ©tait pas une rupture de la poche des eaux puisque le liquide coulait vraiment en faible quantitĂ©. Mais Ă 20H il coulait toujours donc jâai pensĂ© Ă une fissure de la poche des eaux. Les contractions sont aussi devenues de plus en plus fortes et rapprochĂ©es. Avec mon mari, nous nous sommes dĂ©pĂȘchĂ©s de ranger la dĂ©coration et la vaisselle dâanniversaire et nous avons appelĂ© ma belle-sĆur. En attendant son arrivĂ©e, jâai mangĂ© des ravioles (jâavais fait une grosse hypoglycĂ©mie Ă la maternitĂ© 5 jours avant et je ne voulais pas revivre la mĂȘme chose). Cette fois, le ballon ne me soulageait pas du tout. Le seul moyen pour moi de supporter les contractions Ă©tait de mâĂ©tirer et de me grandir le plus possible face contre mur. Quand ma belle soeur est arrivĂ©e, nous avons filĂ© directement Ă la maternitĂ© (il Ă©tait 23h30), je sentais quâil ne fallait plus quâon traĂźne si je ne voulais pas accoucher dans la voiture.
Vivre 3 accouchements diffĂ©rents, mĂ©langer la joie et le deuilâŠ
il a vu ma détresse et a ouvert la porte pour que je puisse voir mon fils
Pour mon premier accouchement, arrivĂ©s Ă la maternitĂ©, je suis passĂ©e en salle de consultation. On mâa confirmĂ© que le travail avait commencĂ© mais ils mâont dit quâils nâavaient plus de place et que jâallais sĂ»rement ĂȘtre transfĂ©rĂ©e. Ils mâont quand mĂȘme dit dâaller marcher et de revenir quand la poche des eaux serait percĂ©e. 30 minutes plus tard jâĂ©tais de retour et une place sâĂ©tait libĂ©rĂ©e. Par contre ils mâont dit que je serais sĂ»rement transfĂ©rĂ©e aprĂšs la naissance parce quâils nâavaient plus de chambre disponible. Cette incertitude Ă©tait vraiment difficile Ă gĂ©rer. Le travail est devenu vraiment trĂšs douloureux une fois la poche des eaux rompue. AprĂšs 11h de travail jâai demandĂ© la pĂ©ridurale alors que je voulais essayer dâaccoucher sans. Je me suis rendue compte que je nâĂ©tais en fait pas assez prĂ©parĂ©e pour ça, que ma prĂ©paration classique ne suffisait pas. Une fois la pĂ©ridurale posĂ©e, jâai pu me reposer et reprendre des forces. Le col a fini de se dilater et le bĂ©bĂ© est descendu dans le bassin facilement. Vers 13h45 la sage-femme et la puĂ©ricultrice se sont installĂ©es et jâai commencĂ© Ă pousser. 2 poussĂ©es plus tard mon fils Ă©tait nĂ©. jâavais peur de le prendre et de le voir couvert de sang. Elles ne mâont pas laissĂ© le temps de rĂ©pondre et de rĂ©flĂ©chir et me lâont posĂ© sur le ventre, câĂ©tait merveilleux et incroyable de le voir enfinâŻ! Eliam est donc nĂ© le 8 octobre 2015 Ă 13H54. Il pesait 3,9kg pour 52cm. AprĂšs la dĂ©livrance, la puĂ©ricultrice et mon mari sont partis pour lâhabiller et la sage-femme mâa recousu, jâavais une dĂ©chirure assez importante. Ensuite nous avons passĂ© deux heures avec notre fils, jâai pu faire la tĂ©tĂ©e de bienvenue. Au moment de remonter en chambre, elles ont quand mĂȘme voulu vĂ©rifier les constantes de notre fils parce quâil Ă©tait un peu bleu. Mon mari Ă©tait avec notre fils, jâĂ©tais seule dans le couloir devant la salle et je ne savais absolument pas ce quâil se passait. CâĂ©tait terrible comme sensation, je pleurais et jâavais terriblement envie de pouvoir bouger pour avoir des nouvellesâŻ! Heureusement un brancardier a Ă©tĂ© merveilleux, il a vu ma dĂ©tresse et a ouvert la porte pour que je puisse voir mon fils. Il avait du mal Ă respirer et il a du ĂȘtre emmenĂ© en rĂ©animation nĂ©onatale pour ĂȘtre intubĂ© pendant que moi je regagnais la chambre.
Notre fils Siméon est donc né sans vie le 19 janvier 2018 à 11h14
Pour mon deuxiĂšme accouchement, cette fois il nây avait pas dâautres accouchement en cours Ă la maternitĂ© donc jâallais pouvoir aller en salle natureâŻ! Cette fois jâĂ©tais plus prĂȘte et je voulais accoucher sans la pĂ©ridurale. Je suis quand mĂȘme dâabord passĂ©e par la salle de consultation. La sage-femme mâa posĂ© le monitoring. Aucun bruit. Elle a tentĂ© de nous rassurer en nous disant quâil devait ĂȘtre mal placĂ©. Elle est partie chercher le matĂ©riel pour lâĂ©chographie. Toujours aucun bruit. Avec mon mari nous avons compris que quelque chose nâallait pas. Elle nous a dit quâelle nâĂ©tait pas douĂ©e et quâelle allait chercher lâĂ©chographiste. LâĂ©chographiste est arrivĂ©e. Elle a passĂ© un long moment sans rien dire puis elle nous a annoncĂ© la terrible nouvelle. Le cĆur de notre fils sâĂ©tait arrĂȘtĂ©. Entre-temps la cheffe de service est arrivĂ©e. Nous lui avons demandĂ© de re-vĂ©rifier encore. Elle nous a donc fait une autre Ă©chographie qui a confirmĂ© le dĂ©cĂšs de notre fils. Le monde sâest Ă©croulĂ© sous nous. DĂšs ce moment lĂ , nous sommes passĂ©s en pilote automatique. Je me souviens juste quâelles mâont proposĂ© la pĂ©ridurale et que jâai dit oui. Mais avant de lâavoir, il fallait faire des tests sanguins. Je me suis donc retrouvĂ©e en salle dâaccouchement avec des contractions et une prise de sang Ă©norme (une 15Ăšne de tubes) Ă attendre les rĂ©sultats. Jâai pu avoir un ballon pour gĂ©rer la douleur en attendant. Nous Ă©tions seuls avec mon mari quand la poche des eaux sâest rompue. Nous avons appelĂ© la sage-femme. Elle mâa installĂ©e pour vĂ©rifier mon col, jâĂ©tais Ă 8. LâanesthĂ©siste est arrivĂ©. Nous nâavions pas encore les rĂ©sultats mais il Ă©tait prĂȘt Ă me poser la pĂ©ridurale quand mĂȘme. Je souffrais trop, je nâarrivais plus Ă parler pour rĂ©pondre Ă ses questions. Il mâa dit de hocher la tĂȘte pour lui rĂ©pondre. Mais câĂ©tait trop tard, il fallait que je pousse. Deux minutes plus tard lâaccouchement Ă©tait terminĂ©. Notre fils SimĂ©on est donc nĂ© sans vie le 19 janvier 2018 Ă 11h14. Il pesait 2,7 kg. Je nâai eu quâun point de suture pour une dĂ©chirure trĂšs lĂ©gĂšre avant de retourner en chambre.
jâĂ©tais Ă dilatation totale et mon fils avait commencĂ© Ă sâengager
Pour mon troisiĂšme accouchement, nous sommes arrivĂ©s Ă lâaccueil des urgences Ă 23h45. Le temps de passer lâaccueil et de monter sur le plateau technique et dâĂȘtre installĂ©e directement en salle de naissance par une sage-femme, il Ă©tait minuit 15. JâĂ©tais ravie, jâai dit Ă mon mari quâon Ă©tait maintenant le 9 et quâil pouvait venir sans prendre le jour dâanniversaire de son frĂšre. La sage-femme mâa auscultĂ©e et jâĂ©tais dilatĂ©e Ă 3. Jâai demandĂ© la pĂ©ridurale. Mon fils se prĂ©sentait avec les yeux vers le ciel et avait une tĂȘte imposante selon la derniĂšre Ă©chographie donc jâavais peur quâon doive utiliser les instruments et de souffrir sans pĂ©ridurale. LâanesthĂ©siste est arrivĂ©e Ă 1h15. Elle Ă©tait encore en train de poser la pĂ©ridurale, vers 1h35 quand jâai senti la douleur changer brutalement. Dâun seul coup jâĂ©tais incapable de parler, bouger ou sentir mon ventre se dĂ©tendre. Elle a donc appelĂ© la sage-femme qui a vĂ©rifiĂ©, jâĂ©tais Ă dilatation totale et mon fils avait commencĂ© Ă sâengager. Trop tard pour la pĂ©ridurale encore une fois. Au mĂȘme moment la sage-femme a appelĂ© le mĂ©decin de garde parce que le cĆur de mon fils commençait Ă ralentir. Jâai rompu la poche des eaux au dĂ©but de la poussĂ©e. La poussĂ©e Ă©tait vraiment douloureuse. La position de mon fils nâa pas aidĂ© Ă le sortir facilement mais il commençait dĂ©jĂ Ă crier, ça mâa donnĂ© Ă©normĂ©ment de courage de savoir quâil Ă©tait vivant pour continuer au-delĂ de mes forces et le sortir rapidement. Jaren (qui veut dire cri de joie) est donc nĂ© le 9 octobre 2019 Ă 1h44. Il pesait 3,2kg pour 48cm. Nous avons pu passer un long moment en peau Ă peau et faire la tĂ©tĂ©e de bienvenue. Cette fois pas la moindre dĂ©chirure du pĂ©rinĂ©e.
Rester Ă la maternitĂ©, les visites & les cadeauxâŻ: on aime, on adore
Jâai aussi eu un bon pour un soin du visage et pour commander des sushis par ma soeur qui mâont fait Ă©normĂ©ment plaisir
Pour ma premiĂšre grossesse je suis restĂ©e 6 jours. Pendant 4 jours mon fils Ă©tait en nĂ©onat et moi dans le service gynĂ©cologie puisque la maternitĂ© Ă©tait pleine. Heureusement il a pu trĂšs vite sortir de rĂ©animation et on lui a enlevĂ© les tubes mais il est restĂ© sous surveillance et a ensuite fait une jaunisse trĂšs forte. Jâai fait des allers retours en traversant la moitiĂ© de lâhĂŽpital Ă chaque fois quâil fallait le nourrir, de jour comme de nuit. Seule notre famille trĂšs proche est venue nous rendre visite. CâĂ©tait vraiment impensable pour nous de voir du monde dans ces conditions lĂ . Pour les cadeaux nous avons reçu beaucoup de vĂȘtements et de doudou que nous nâavons pas forcĂ©ment utilisĂ©s. Jâai aussi eu un bon pour un soin du visage et pour commander des sushis par ma soeur qui mâont fait Ă©normĂ©ment plaisir. Nous avons eu un entourage formidable. Les visites Ă©taient toujours prĂ©vues, courtes et ne nous demandaient pas de prĂ©paration. Chacun venait avec quelque chose Ă manger pour ne pas nous dĂ©ranger.
Pour mon deuxiĂšme accouchement, je suis restĂ©e 24h Ă lâhĂŽpital, encore une fois au service gynĂ©cologie. Ils mâont proposĂ© de rentrer rapidement chez moi et jâen avais vraiment besoin.
Pour mon troisiĂšme accouchement, je suis restĂ©e 4 jours. Jâavais prĂ©vu de faire une demande de retour anticipĂ© mais mon aĂźnĂ© a attrapĂ© la varicelle le jour de lâaccouchement⊠donc chaque jour Ă la maternitĂ© Ă©tait bĂ©nĂ©fique pour bĂ©bĂ©. Encore une fois seule notre famille trĂšs proche est venue Ă la maternitĂ© mais câĂ©tait une volontĂ© de notre part cette fois. Nous ne voulions pas de visite avant 3 semaines/ 1 mois aprĂšs la naissance pour pouvoir prendre nos marques en tant que famille. Et je voulais pouvoir rĂ©cupĂ©rer physiquement le plus sereinement possible. Nous avons eu ensuite des visites mais comme pour notre aĂźnĂ©, toujours trĂšs respectueuses de nos volontĂ©s pour bĂ©bĂ© et de notre repos.
jâavais un soutien inconditionnel de mon mari
Pour mon premier jâavais des craintes liĂ©es Ă lâinconnu sur Ă peu prĂšs toutâŻ! Je nâĂ©tais pas assez prĂ©parĂ©e. Heureusement, avec son passage en nĂ©onat, nous avions des puĂ©ricultrices et des sages femmes beaucoup plus disponibles, qui ont pu nous montrer tous les gestes importants et mâaider dans le dĂ©marrage de lâallaitement. Jâai allaitĂ© mon fils pendant 9 mois. CâĂ©tait une dĂ©cision assez naturelle pour moi et prise avec le papa. Je nâavais pas prĂ©vu dâallaiter aussi longtemps mais tout se passait bien et jâavais un soutien inconditionnel de mon mari.
Pour mon troisiĂšme, jâavais des inquiĂ©tudes concernant la jaunisse et finalement il ne lâa pas eu. CâĂ©tait un soulagement. Pour le reste jâavais dĂ©jĂ lâexpĂ©rience de mon aĂźnĂ© et je me sentais plus en confiance. Je lâai allaitĂ© aussi, pendant 14 mois. La dĂ©cision Ă Ă©tĂ© prise trĂšs naturellement et jâĂ©tais plus prĂ©parĂ©e (par des amies, le site et le groupe facebook de la leche league)
Préparer son post-partum pour vivre son 4eme trimestre sereinement
Pour moi le plus dur câĂ©tait lâaccouchement et ensuite tout aller revenir Ă la normale trĂšs vite
Pour mon premier, je ne savais absolument pas ce que câĂ©tait le postpartum ni Ă quoi mâattendre. Pour moi le plus dur câĂ©tait lâaccouchement et ensuite tout aller revenir Ă la normale trĂšs vite. La seule chose que jâavais pu trouver en cherchant sur internet câĂ©tait de remplir son frigo et son congĂ©lateur. Jâavais donc fait ça et câĂ©tait trĂšs utile. Jâaurais aimĂ© savoir que les lochis durent aussi longtemps, que le ventre et les jambes mettent plusieurs jours Ă dĂ©gonfler, que les dĂ©chirures et les points de suture font mal, quâil peut y avoir des contractions aprĂšs lâaccouchement pour remettre lâutĂ©rus en place, que la montĂ©e de lait peut ĂȘtre douloureuse et surtout que la fatigue est intense aprĂšs la naissance et quâon se sent terriblement isolĂ© si on nâa pas de cercle de soutien autour de soi. Ma sage-femme est passĂ©e Ă la maison Ă mon retour et elle a Ă©tĂ© super pour soulager les douleurs de ma cicatriceâŻ! Jâaime beaucoup ma sage-femme et câĂ©tait vraiment super de pouvoir la voir aprĂšs lâaccouchement.
Pour mon deuxiĂšme postpartum jâĂ©tais plus informĂ©e mais ayant accouchĂ© Ă 37 semaines, je nâavais pas eu le temps de prĂ©parer vraiment ce retour Ă la maison.
Pour mon troisiĂšme, jâai prĂ©parĂ© des plats Ă congeler, jâai fais des rĂ©serves pour tout ce quâil est possible de stocker (produits dâhygiĂšne, dâentretien, surgelĂ©s âŠ.) et surtout ma maman est venue nous aider pendant quelques jours. Elle et mon mari ont gĂ©rĂ© toute lâintendance de la maison et mon aĂźnĂ© pendant que jâai pu me reposer et mâoccuper de bĂ©bĂ©. Jâai dĂ©couvert toutes les ressources concernant le postpartum aprĂšs la naissance et jâaurais vraiment aimĂ© les dĂ©couvrir plus tĂŽtâŻ! (LivresâŻ: le mois dâor, bien vivre le 4eme trimestre au naturel, le podcast de la matrescence en particulier).
Le conseil que je donnerais câest dâanticiper les courses et les repas le plus possible et de ne pas hĂ©siter Ă demander de lâaide autour de soiâŻ!
Mon mari qui a fait une pause dans sa carriĂšre pour sâoccuper de lui la premiĂšre annĂ©e
Pour notre premier fils, je devais reprendre mes Ă©tudes donc câest mon mari qui a fait une pause dans sa carriĂšre pour sâoccuper de lui la premiĂšre annĂ©e. Jâai eu la chance dâavoir validĂ© une trĂšs grosse partie de mes crĂ©dits avant la naissance et jâai pu terminer ma derniĂšre annĂ©e Ă distance. Je devais aussi partir 3 mois Ă lâĂ©tranger et nous avons pu trouver une solution pour dĂ©mĂ©nager 3 mois au Canada en famille, câĂ©tait difficile avec un bĂ©bĂ© de 6 mois mais une belle expĂ©rience pour notre famille. Ensuite je suis restĂ©e Ă la maison avec mes enfants pour mâoccuper dâeux. Ils nâont donc jamais Ă©tĂ© gardĂ©s.
Merci Claire pour ton expĂ©rience, tu es prĂ©cieuse, prend soin de toi, dâEliam et de Jaren <3