Lucie : une sage-femme passionnée dans une maternité au label IHAB
Lucie est sage-femme Ă la maternitĂ© de St DiĂ© dans les Vosges. Cette maternitĂ© a obtenu le label IHAB, un label qui veille Ă la bienveillance des femmes, des accouchements⊠Lucie vous en dit plus dans son interview mais pas seulementâŻ! Elle aborde sa volontĂ© ferme de devenir sage-femme, son parcours et ses expĂ©riences. MalgrĂ© une pĂ©riode compliquĂ©, avec un cancer qui sâest invitĂ©, Lucie garde une motivation Ă toute Ă©preuve. DĂ©couvrez une interview dâune sage-femme mais Ă©galement dâune femme⊠sage⊠tout simplementâŠ
Lucie est une sage femme passionnée par son métier
Bonjour Lucie, peux-tu te présenter�
Jâai bientĂŽt 34 ans (en avril). Je suis la maman de 2 enfants (Marceau 6 ans et Soline 4 ans). Concernant mon caractĂšre je dirais que je suis trĂšs active (jâadore avoir des listes de choses Ă faire, et avoir des nouvelles idĂ©es en tĂȘte), optimiste, combative, maman poule ; aussi parfois trop naĂŻve et sensible !
Tu es sage-femme Ă la maternitĂ© de St DiĂ© dans les Vosges, peux-tu nous expliquer pourquoi as-tu voulu devenir Sage-FemmeâŻ?Â
Alors comme beaucoup de petites filles, jâai voulu ĂȘtre tout dâabord vĂ©tĂ©rinaire (quand jâĂ©tais Ă lâĂ©cole primaire !), et ensuite jâai eu lâenvie dâĂȘtre pĂ©diatre (au collĂšge), car jâaimais les jeunes enfants et le domaine mĂ©dical, mais jâai soudainement compris que pĂ©diatre câest essentiellement les enfants malades ⊠Alors, ceci mâa permis de comprendre que ce que jâaimais câĂ©tait en fait carrĂ©ment la dimension de la FAMILLE mais pas vraiment le versant maladie. Et donc, en cheminant, jâen suis arrivĂ©e Ă me dire que ce que jâaime dans les jeunes enfants câest ce quâils reprĂ©sentent Ă travers la naissance dâune famille, le cercle familial qui se construit.Â
Pour une petite anecdote, je me rappelle, que je savais dĂ©tecter les grossesses de mon entourage (de mes tantes, des amies de mes parents) quand je les avais vu au tout dĂ©but de leur grossesse (encore non rĂ©vĂ©lĂ©e !), je disais Ă mes parents « oh je crois bien quâelle est enceinte », et chose qui se vĂ©rifiait dans les semaines suivantes, oĂč on apprenait la bonne nouvelle officiellement âŠÂ Â
Et donc, Ă la fin du lycĂ©e, je me suis naturellement dirigĂ©e vers la facultĂ© de mĂ©decine, dans lâoptique de travailler pour obtenir ma place dans une Ă©cole de sage-femme !Â
Quel est ton parcoursâŻ: Ă©tudes et expĂ©riences professionnellesâŻ? As-tu commencĂ© par ĂȘtre sage-femme ou faut-il passer par dâautres fonctions avantâŻ?
Je suis sage-femme depuis juin 2010.Â
En 2005, jâai dĂ©butĂ© ma premiĂšre annĂ©e Ă la facultĂ© de mĂ©decine, rĂ©putĂ©e pour ĂȘtre horriblement difficile ! Je me suis dit : « Bon, je donne tout ce que je peux, je travaille Ă fond, jâen ferai une, pas 2 ! Fais-en sorte de ne pas avoir de remords si je tu loupes ton concours ». Et ça a payĂ© et marchĂ©Â ! Jâai Ă©tĂ© classĂ©e 63Ăšme sur 1700, Ă la fin de ma premiĂšre annĂ©e de mĂ©decine, ce qui me permettait dâaccĂ©der Ă la filiĂšre mĂ©decine (car les 120 premiĂšres places sont dĂ©diĂ©es Ă la filiĂšre MEDECINE, ce que je ne souhaitais pas choisir), et jâai Ă©tĂ© donc la premiĂšre candidate Ă choisir la filiĂšre sage-femme, cette annĂ©e-lĂ , dans le numĂ©rus clausus, malgrĂ© mon trĂšs bon classement. Enfin tout ça pour dire, que je suis sage-femme, je voulais ĂȘtre sage-femme, et jâen suis trĂšs heureuse ! Ătre prĂ©sente Ă un moment crucial de la vie des familles, quelle chance !Â
AprĂšs la facultĂ© donc, il faut faire 4 annĂ©es en Ă©cole de sage-femme, oĂč le cursus est rythmĂ© de pĂ©riodes de cours thĂ©orique et de pĂ©riodes de stage (3 semaines / 3 semaines, Ă lâĂ©poque ! Maintenant le rythme est diffĂ©rent). On alterne les terrains de stages : maternitĂ© de niveau 3, 2, 1 ⊠au sein dâun SAMU, en crĂšche, en PMI, en cabinet libĂ©ral. On aborde toutes les facettes de notre mĂ©tier. Et jâai rapidement eu, une prĂ©fĂ©rence pour mes expĂ©riences en salle dâaccouchement. Accompagner les parturientes, les amener Ă gĂ©rer les contractions, Ă©couter des heures ce petit cĆur qui bat par le biais du monitoring, ĂȘtre des heures ensemble ⊠et enfin, dĂ©couvrir ce bĂ©bĂ©, qui a fait tout le cheminement dans la filiĂšre gĂ©nitale, et qui arrive lĂ Â !Â
Jâai dĂ©butĂ© ma carriĂšre par 3 mois en tant que sage-femme remplaçante dans une clinique (1200 accouchements par an), afin de pallier les dĂ©parts en vacances estivales. Et au bout de 3 mois, lâhĂŽpital de Saint-DiĂ©, au sein duquel, jâai fait 3 stages lors de mes Ă©tudes, mâa contactĂ© pour savoir si jâĂ©tais intĂ©ressĂ©e pour intĂ©grer lâĂ©quipe (en CDD tout dâabord), ce qui Ă©tait parfait pour moi gĂ©ographiquement (vis-Ă -vis de ma vie personnelle). Et depuis le 1er octobre 2010, je suis Ă au Centre Hospitalier de Saint-DiĂ©, maternitĂ© de niveau 1, qui rĂ©alise environ 600 accouchements par an. Jâai dĂ©butĂ© en faisant des gardes en suites de couches et en salle dâaccouchement. Puis en juin 2013, on mâa proposĂ© de varier mon activitĂ©, en faisant Ă©galement des journĂ©es en HAD (Hospitalisation A Domicile), chose que jâai acceptĂ©, et qui est une façon trĂšs riche de travailler, et qui me convient parfaitement !Â
La maladie, Ă©preuve difficile mais Lucie lâa vĂ©cu entourĂ©e dâamour
Tu as subi une Ă©preuve, voire plusieurs Ă©preuves qui ont mis Ă mal ta santĂ© ces derniĂšres annĂ©es, peux-tu nous raconterâŻ? Comment as-tu vĂ©cu le fait de ne plus pouvoir travaillerâŻ? Tu reprends bientĂŽt, jâimagine ta joieâŻ? Â
Oui, je suis en congĂ© longue maladie depuis le 8 mars 2019⊠et donc je vais reprendre le 8 mars 2021 (journĂ©e des droits de la femme ! câest une belle date je trouve !) Â
En effet, on mâa diagnostiquĂ© un lymphome de Hodgkin en avril 2019 (cancer des ganglions), cela faisait plusieurs mois que des symptĂŽmes sâinstallaient, sans vĂ©ritablement les considĂ©rer (comme je dis souvent : « ça partira comme câest venu ! »).
Et en mars 2019, mon corps Ă©tait Ă bout de souffle, et suite Ă un Ă©niĂšme bilan sanguin, on mâa mise en arrĂȘt maladie afin dâenchainer les examens nĂ©cessaires Ă une investigation rapide et sĂ©rieuse. Moi, je pensais plutĂŽt Ă une petite pĂ©riode de repos, et hop reprise ! ⊠mais tout compte fait, ça sera un arrĂȘt maladie pour une belle chimioâŻ!Â
Me voilĂ donc, le 22/05/2019 ; ultra motivĂ©e, plus que jamais, on attaque ce combat, avec mon gang de supportersâŻ: mon conjoint, ma fille de 2 ans et mon fils de 4 ans, Ă lâĂ©poqueâŻ! Sans oublier mes parents, mon frĂšre, mes beaux-parents, ma famille au sens large ⊠et mes super collĂšgues : car mes collĂšgues, je pouvais leur Ă©crire jour et nuit ⊠il y en a toujours une de garde de jour comme de nuit pour me lire. On avait crĂ©Ă© un groupe MESSENGER, et je pouvais les tenir au courant (car elles ont Ă©tĂ© inquiĂštes pendant les derniers mois avant mon arrĂȘt, de me voir pas vraiment dans mon assiette), et je me sentais avec elles ⊠celles avec qui je passe beaucoup de temps et avec lesquelles on partage des moments fort de par notre mĂ©tier ! Nombreuses de mes collĂšgues ont jouĂ© des moments clĂ©s pendant toute cette pĂ©riode (mâaider Ă trouver mon mĂ©decin hĂ©matologue, mâaccompagner dans des consultations, me rendre visite ⊠des mots de soutien) comme je leur ai dĂ©jĂ dit : mes collĂšgues ont Ă©tĂ© mes psychologues !Â
 Enfin voilĂ , protocole de chimiothĂ©rapie +/- agrĂ©able (mais lâavantage câest que câĂ©tait lâĂ©tĂ©, donc saison trĂšs sympa pour supporter cela). Super motivĂ©e car jâavais une date de fin en vueâŻ: en octobre 2019, je devais en avoir fini avec tout çaâŻ! Pleins dâefforts Ă fournir, et aprĂšs rĂ©compense !Â
Le 14/10/2019, on mâa annoncĂ© ma rĂ©mission, le traitement a Ă©tĂ© concluant⊠Mais je sentais physiquement que je me dĂ©gradais. Â
Et le 17/10/2019 (3 jours de rĂ©mission officielle), jâai Ă©tĂ© rĂ©hospitalisĂ©e pour un syndrome de Guillain-BarrĂ©Â (complication neurologique de ma chimio qui Ă©tait assez lourde)âŠÂ Ce qui entrainera une paralysie de 2 mois et demi dans un fauteuil roulant, en neurologie puis en rĂ©Ă©ducation. Â
Enfin, aprĂšs le gros coup de massue, pas de par la pathologie en elle-mĂȘme (pas de bol, je fais partie des statistiques de complications rares suite Ă mon traitement⊠câest ĂȘtre exceptionnelle, dâune certaine façonâŻ!), par contre jâai Ă©tĂ© cruellement en colĂšre contre cette pathologie car il mâa Ă©vincĂ© de ma maison, et de ma position de maman dans mon foyer pendant presque 3 moisâŻ: 3 mois dâabsence auprĂšs de mes enfants (qui avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© ultra fort pendant tout mon cancer) âŠÂ
Mais le discours Ă©tait unanime : câest un SYNDROME, ce qui signifie que ce nâest pas une pathologie chronique et irrĂ©cupĂ©rable, câest temporaire, et il y a une descente mais surtout aprĂšs il y aura une remontĂ©e, on rĂ©acquiert tout ce que lâon perd.Â
Donc motivation, encore une fois, aprĂšs une rĂ©Ă©ducation tenace jâai demandĂ© Ă sortir le 21/12/19, car je voulais ĂȘtre dans ma famille pour NoĂ«l ; une rĂ©hospitalisation en janvier 2020 Ă©tait Ă©voquĂ©e, si la pĂ©riode de NoĂ«l nâĂ©tait pas concluante⊠mais, mon retour Ă la maison fut salvateur : ĂȘtre une maman Ă la maison a Ă©tĂ© la meilleure des rĂ©Ă©ducations, et donc dĂ©ambulateur, bĂ©quilles, orthĂšse⊠sont des Ă©tapes qui ont vite dĂ©filĂ©es et jâai remarchĂ© comme une grande et de maniĂšre normale en mars 2020.Â
Et lĂ , le confinement total, a Ă©tĂ© en quelque sorteâŻ: le moyen de rattraper le temps perdu pendant ma longue absenceâŻ!Â
Enfin, en septembre 2020, jâai retrouvĂ© vraiment beaucoup de moi-mĂȘme, et jâai voulu remettre le pied Ă lâĂ©trier en me remettant en marche pour le service de la maternitĂ©, aider autant que possible mes collĂšgues par des petites missions. Jâai repris donc mes fonctions au sein du copil IHAB, mais pas de reprise de mon travail de sage-femme sur le terrain.Â
Donc voilĂ , je termine enfin ma derniĂšre pĂ©riode dâarrĂȘt de travail, et je vais ĂȘtre Ă nouveau ĂȘtre la sage-femme de terrain que jâaffectionne tant : les bidons ronds me manquent, les nouveau-nĂ©s, revivre des naissances, des accouchements qui me donne la chair de poule, parler en langage obstĂ©trical. Â
 Par contre, jâavoue que la reprise va vraiment ĂȘtre impressionnante pour moi ⊠car je nâai pas du tout travaillĂ© avec les contraintes COVID. Et du coup, voilĂ , voir toutes las patientes masquĂ©es, avoir un masque toute la journĂ©e, ⊠ceci mâinterroge, car lâexpression du visage est tellement importante, le petit sourire au bon moment pour encourager une dame en travailâŠÂ
Mais mes collĂšgues y arrivent, et jâapprendrais auprĂšs dâelles naturellement, pour Ă©voluer et travailler avec ! Rien nâest insurmontable, câest temporaire, câest une pratique protectrice, donc voilĂ , je vais mâadapter !Â
Observes-tu des diffĂ©rences entre les maternitĂ©s dans lesquelles tu as exercĂ©âŻ? Et observes-tu une Ă©volution positive dans le temps, sur la bienveillance envers les futures et jeunes mamans (Pas dâĂ©pisiotomie, plus de prĂ©venanceâŠ)âŻ?
Des diffĂ©rences forcĂ©ment, car jâai connu le fonctionnement dâune clinique, et celle dâun centre hospitalier. Â
Le statut de la sage-femme en clinique nâest pas complĂ©tement pareil quâĂ lâhĂŽpital. Dans le sens, en clinique, oĂč au moment de lâaccouchement, ou de consultations, on doit forcĂ©ment se rĂ©fĂ©rer au mĂ©decin gynĂ©cologue-obstĂ©tricien qui suit la patiente, mĂȘme dans un contexte de situation physiologique (exemple : accouchement voie basse sans complications). Câest le mode de fonctionnement en clinique. On prodigue nos soins, on pratique les mĂȘmes gestes, mais le mĂ©decin est rĂ©fĂ©rent. Â
Alors quâen Ă©tablissements publics, la sage-femme nâa pas besoin de rĂ©fĂ©rer au mĂ©decin si la situation nâa rien de pathologique.Â
Concernant lâĂ©volution positive, Ă vrai dire, au cours de mes Ă©tudes, jâai Ă©voluĂ© essentiellement au sein de la maternitĂ© de Nancy (maternitĂ© de niveau 3, dont mon Ă©cole Ă©tait rattachĂ©e), et vraiment les Ă©pisiotomies, Ă©taient dĂ©jĂ anecdotiques (donc dĂ©jĂ en 2006 â 2010). Je nâai jamais Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă des pratiques dâĂ©pisiotomie Ă outrance, vraiment.Â
Concernant la bienveillance envers les parturientes, patients, familles, je dirais que ce nâest pas un avant/aprĂšs, une illumination venue de lâesprit dâil y a peu que de se dire « Maintenant on va ĂȘtre bienveillant ». DĂ©jĂ , la pĂ©riode de la maternitĂ© en elle-mĂȘme, amĂšne Ă la bienveillance Ă la prĂ©venance ! Donc, jâai toujours connu un respect des patientes, des soins, mais en avançant, il est vrai au cours de ses 15 derniĂšres annĂ©es, on prend de + en + en compte, lâaspect rythmes et besoins individuels. Ătre assez souple dans nos soins, nos horaires, sâadapter, accompagner de façon + personnelle, moins de schĂ©ma identique pour toutes nos interventions, conseils.Â
Mais sincĂšrement, pour rĂ©pondre Ă ta question, je ne me considĂšre pas + bienveillante actuellement, quâil y a 15 ans, et en gĂ©nĂ©rale, les Ă©tablissements, les services, les Ă©quipes que jâai cĂŽtoyĂ©e, ne mâont jamais vĂ©hiculĂ© un sentiment de maltraitance, de nĂ©gligence des besoins, les soignants sont lĂ pour ĂȘtre prĂ©venants !Â
Quels sont les engagements dâune maternitĂ© au label IHABâŻ?
La maternitĂ© de St DiĂ© a obtenu le label IHAB, peux-tu nous dire quand, commentâŻ? Quels sont les critĂšresâŻ? Les conditionsâŻ? Que cela implique-t-il au quotidienâŻ? Avez-vous des contrĂŽles annuels pour valider ce labelâŻ? Combien de naissances avez-vous par anâŻ? Quelle est votre philosophieâŻ?Â
Alors, notre maternitĂ© est labellisĂ©e depuis 2017. LâĂ©quipe travaillais dĂ©jĂ dans ce sens depuis 10 ans auparavantâŻ: sâinformer, sâimprĂ©gner des pratiques, bousculer certaines façons de faire, faire adhĂ©rer les principes Ă lâensemble des Ă©quipes, se former, se rendre compte de la faisabilitĂ©, travailler, chercher, imaginer des mises en place ⊠enfin, aprĂšs tout ce travail de maturitĂ© et prĂ©paration, en 2017, on fait part au label IHAB que lâon souhaite obtenir son label, et lĂ ils nous proposent une visite dâaccrĂ©ditation.Â
Une Ă©quipe IHAB se rends dans notre Ă©tablissement pendant 3 jours : ils vont regarder nos pratiques, interroger les professionnels du service, dialoguer avec les patientes, lire nos protocoles, consulter nos dossiers ⊠tout ce qui rends compte de nos pratiques, qui doivent ĂȘtre respectueuses des 12 recommandations du label IHAB. Â
Ce quâil faut retenir du label, câest un label de lâOMS et de lâUNICEF. Il nâest pas franco-français (voir la carte â et remarquer le large pourcentage en NorvĂšge et aux Pays-Bas !). Il est centrĂ© sur les besoins individuels de nouveau-nĂ© et de sa mĂšre, et donc en voici la triade : Â
Une attitude de lâensemble de lâĂ©quipe centrĂ©e sur les besoins individuels de la mĂšre et du nouveau-nĂ©Â Â
Un environnement et un accompagnement en adĂ©quation avec la philosophie des soins centrĂ©s sur la famille Â
Un travail en Ă©quipe et en rĂ©seau pour assurer la continuitĂ© des soinsÂ
Cela assure une façon de faire de toute lâĂ©quipe, et au sens large dans le secteur mĂšre-enfant. On rĂ©alise 600 accouchements par an. Notre philosophie : BIEN NAITRE EN DEODATIE ! Â
Ătre prĂ©sent de façon bienveillante, faciliter tout ce qui assure la physiologie et lâaccompagnement, et assurer aux familles quâil existe des moyens soutenants pour leur parentalitĂ©Â : grĂące Ă tout ce qui appartient au rĂ©seau pĂ©rinatal (pas que rĂ©gional, mais surtout de façon locale).Â
As-tu des dĂ©sirs dâĂ©volutionâŻ: avoir ton cabinetâŻ? Mettre en place des actions concrĂštes Ă la maternitĂ©âŻ? Des formations supplĂ©mentairesâŻ?Â
Concernant mon Ă©volution ⊠à court terme, redevenir sage-femme de terrain, pour concourir au travail de mon Ă©quipe, et des familles de notre bassin dĂ©odatien.Â
Je me sens trĂšs bien en tant que sage-femme hospitaliĂšre, jâaime le service public, donc pas de perspective dâun cabinet libĂ©ral. Â
Actions concrĂštes : continuer de pĂ©renniser le label IHAB au sein de notre Ă©tablissement, notre label est valable 4 ans, et nous devons repasser une visite dâaccrĂ©ditation cette annĂ©e, en juin 2021 ⊠donc vraiment, câest un super objectif Ă moyen terme. Et Ă plus long terme, jâenvisage peut-ĂȘtre, dâavoir la formation pour ĂȘtre consultante en lactation certifiĂ©e IBLCÂ
Quels conseils donnerais-tu Ă une maman pour le jour J, pour son sĂ©jour Ă la maternitĂ©âŻ?Â
Se sentir confiante ! Que le jour J, et bien câest le corps qui va montrer toute ses capacitĂ©s, avec la sĂ©crĂ©tion dâocytocine, que la grossesse, câest « faire un bĂ©bĂ© chaque jour », la maman est actrice depuis 9 mois, et elle va avoir le rĂŽle principal le jour J ! Â
Que tout le soutien, tout ce qui peut lâaider, lâapaiser, la rassurer, il ne faut pas sâen priver.Â
Que ça soit, travail spontanĂ©, dĂ©clenchement artificiel du travail, cĂ©sarienne, ça restera le jour de la naissance de leur enfant, et donc un jour Ă graver dans le calendrier, un jour oĂč une famille change de dimensions. Donc le conseil, se sentir capable et avoir confiance !Â
Pendant le sĂ©jour, essayer de profiter de cette bulle de rencontre, avec ce bĂ©bĂ©, un moment de proximitĂ© intense : on est dans une chambre de 12m2, H24 avec ce petit bout. Câest Lâattachement fort qui va sây dĂ©velopper qui va nous donner la force dâĂȘtre LA maman qui fera toujours de son mieux pour son enfant. Dialoguer avec les Ă©quipes soignantes.Â
Comment vis-tu lâĂ©quilibre de ta vie professionnelle et personnelleâŻ? Â
En temps normal, jâadore le rythme de mon travail, car on travaille en gardes de 12h (alternance jour et nuit), mĂ©langĂ©es Ă des journĂ©es de 7h (en HAD). Donc, ce que jâaime câest que nos plannings ne sont pas rĂ©guliers : tout le monde nâapprĂ©cie pas cela, mais moi jâaime ! Aucune routine, pas de rythme prĂ©cis. Quand on part en garde, on ne sait jamais ce que notre journĂ©e nous rĂ©serve, et franchement, il y a peu de mĂ©tier qui peut permettre cela !Â
Bien sĂ»r, il y a une fatigabilitĂ© de par ce rythme, jâavoue que mon talon dâAchille est le sommeil : je dors trĂšs peu avant, aprĂšs mes nuits de travail : jâespĂšre mâamĂ©liorer sur ce point, Ă ma reprise ! Cela peut ĂȘtre un atout santĂ©Â !Â
Mais on peut allier du temps Ă la maison, en semaine, en journĂ©e, pouvoir se rendre Ă la sortie de lâĂ©cole sur nos jours de repos, et ça jâadore !Â
Pendant la maladie, jâĂ©tais trĂšs mal Ă lâaise dâĂȘtre en arrĂȘt maladie, au dĂ©part, car lâabsentĂ©isme dans notre profession, entraine forcĂ©ment une supplĂ©ance assurĂ©e par mes collĂšgues, en plus de leur temps de travail ⊠le remplacement dâun arrĂȘt maladie, Ă lâhĂŽpital, est rarement effectif rapidement. Donc toutes les gardes que je devais rĂ©aliser, ont Ă©tĂ© dispatchĂ©es et rĂ©attribuĂ©es Ă dâautres collĂšgues, qui avaient dĂ©jĂ leur part Ă faire ⊠qui sont elles-mĂȘmes mamans, qui ont des projets les WE, sur leurs jours de repos ⊠jâĂ©tais vraiment mal de bousculer la vie des filles.Â
Non, notre travail est continu, 24h/24h, 7j/7j, et donc on se relaye ⊠donc voilĂ Â ! Chacune doit avoir une part de disponibilitĂ© et flexibilitĂ© pour assurer le roulement du service. Une fois, ma remplaçante trouvĂ©e, je me sentais plus lĂ©gĂšre !Â
Et cĂŽtĂ© perso, je me suis nourrie de ma famille ! On Ă©tait rythmĂ© par les chimio, des cycles de 3 semaines, les enfants ont appris les bases de lâhĂ©mato, câĂ©tait drĂŽle !Â
Enfin, aprĂšs ma maladie, je me sens ultra prĂȘte Ă reprendre la vie active, ma rĂ©mission, ma convalescence a Ă©tĂ© dâune durĂ©e idĂ©ale, pour me sentir physiquement prĂȘte ! La reprise va ĂȘtre aussi une Ă©tape pour ma famille, les enfants vont retrouver maman sui travaille, et en plus Ă nouveau certains WE, certaines nuits, des mercredis ⊠reprise de journĂ©e chez nounou, quelques heures de garderie ou de cantine ⊠et donc, ça on se prĂ©pare progressivement, en parlant de tout ça, en Ă©voquant le bon cĂŽtĂ© des choses : « le travail, câest la santĂ©Â ! » , cette phrase on lâĂ©voque dans le sens, oĂč le mot « arrĂȘt maladie, signifie que tu arrĂȘtes de travailler car tu es malade ». Maman est guĂ©rie, donc elle reprend le chemin du travail !Â
La vie ne va pas reprendre, elle va continuer, avec une Ă©tape de plus dâaccomplie, on va sâadapter, reprendre de nouvelles marques, et puis voilĂ Â !Â