Sabrina & Jules : vivre sa grossesse au Canada

Sabrina & Jules : vivre sa grossesse au Canada

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Sabrina est française, son compagnon également. Ils ont décidé de vivre au Canada. Sabrina a donc vécu sa grossesse et son accouchement loin de son pays natal. Pour autant, l’a-t-elle vécu différemment ? Comment la maternité est-elle considérée de l’autre côté de l’océan Atlantique ? Sabrina, nous livre, sans détours, son expérience. Bonne lecture…


Qui es-tu ?

Prénom : Sabrina
Age actuel : 33 ans
Prénom de mon enfant : Jules
Son âge actuel : 19 mois 

9 mois de grossesse au Canada

Nous étions prêts à avoir un bébé

"Je suis tombée enceinte rapidement. Nous étions prêts à avoir un bébé mais pas aussi rapidement. J’ai beaucoup d’amies qui ont eu du mal ou mis du temps à tomber enceinte donc nous nous sommes dit que l’on avait le temps et finalement en 3 mois j’étais enceinte. Je n’ai pris aucun rendez-vous chez les médecins avant pour me préparer."

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J’étais positive en 10 secondes

"Je ne suis jamais en retard pour mes règles et là, j’avais un retard d’une journée. J’ai décidé, au réveil, de faire un test et j’étais positive en 10 secondes. J’ai couru dans la chambre pour dire à mon chéri que nous allions avoir un bébé. On était tellement excité que nous sommes allés acheter un test qui précise de combien de temps j’était enceinte : 3-4 semaines. 

Pour la famille nous avons envoyé un grattage à nos parents pour dire "vous allez être papi ou mamie". Ils ont adoré ! Pour le reste de la famille, on a fait en appel vidéo. Toute la famille était ravie .

Je venais de finir mon job donc je n’avais pas à l’annoncer aux collègues ou responsable."

J’étais vraiment faible je n’arrivais plus à marcher

"J’ai eu des nausées 24h sur 24h durant toute ma grossesse et je vomissais 3 à 4 fois par jour, voir plus, c’était horrible ! J’ai essayé les bretzel, les Tuc, le gingembre, l’ostéopathe : rien ne marchait. J’étais vraiment faible je n’arrivais plus à marcher. Si j’avais le malheur de boire sucré, même une grenadine, je vomissais instantanément. Pareil pour la nourriture grasse. 

J’ai donc vu des médecins. Au Canada, c’est considéré comme une maladie de femme enceinte. Ils nous donnent un médicament qui n’existe pas en France. Grâce à ce médicament les vomissements passent mais pas les nausées. J’ai oublié une fois de prendre le médicament : j’ai passé 4 jours à vomir non stop. Même l’eau ne passait plus. Je n’arrivais plus à aller aux toilettes seule. Mon chéri devait me porter. J’ai du être limite hospitalisée car je ne buvais plus et ne mangeais plus. Clairement je n’arrivais plus à rien faire… mais heureusement un soir avant de dormir le médicament est passé et j’ai pu m’hydrater, manger, me lever.

Je n’ai eu aucun autres maux et j’ai pris 9kg durant la grossesse. Le papa n’a pas fait de couvade. Il m’a vraiment soutenu dans mes vomissements et nausées. Il a beaucoup fait le ménage etc… "

J’avais envie d’un Big Mac

"J’avais des envies alimentaires dès que je ne vomissais plus : j’avais envie d’un big mac alors que je n’en mangeais pas avant. Je faisais attention aux aliments déconseillés et ne fume pas de base"

Il n’y a que 2 échographies durant toute la grossesse

"Au Canada, c’est vraiment différent : il n’y a pas vraiment de préparation à l accouchement. Il n’y a que deux échographies durant toute la grossesse. Je n’ai fait aucun cours de préparation. En plus, je pense que je n’aurais pas était capable vu l’état dans lequel je me trouvais"

Un petit mec de préférence!

"Nous voulions connaître le sexe du bébé pour pouvoir trouver un prénom. C’est notre premier bébé, on avait envie tous les deux de savoir par curiosité et par envie. Et puis le papa voulait un petit mec de préférence !"

Madame, le travail a commencé, vous êtes à 3 cm d’ouverture

"Pour mon accouchement, tout a commencé un matin, j’étais alors enceinte de 33 semaines. En me levant j’ai perdu du sang, beaucoup de sang. Je n’avais aucune douleur mais nous avons appelé en France, la tante de mon conjoint, qui est sage femme pour lui décrire la situation. Elle nous a conseillé d’aller à l’hôpital .

Donc direction l’hôpital, super stressés tous les deux. J’arrive à l’hôpital, on me prend en charge et grâce au monitoring, ils me disent : "vous avez des contractions", alors que je ne sentais rien. Une gynécologue regarde et me dit "Madame, le travail a commencé, vous êtes à 3 cm d’ouverture".

Je commence à paniquer et elle me dit "Ne vous inquiétez pas, on va vous donner un médicament qui va arrêter les contractions et il faudra le reprendre 8h après, ensuite on avisera d’après la situation."

On m’emmène dans une chambre et une infirmière me fait une piqûre pour injecter un produit pour développer les poumons de bébé plus rapidement. Le sang ne coulait plus et les contractions se sont finalement arrêtées. 24h après j’étais à la maison et je n’avais plus le droit de faire quoi que ce soit."

L’accouchement de Sabrina de l’autre côté de l’Atlantique

On venait de lui donner 800 dollars en cash pour avoir ma péridurale

"Une semaine après la perte de sang, à 34 semaines, en dormant, je sentais le ventre se contracter mais sans aucune douleur donc je me suis pas inquiétée et au réveil je perds à nouveau du sang. Donc direction l’hôpital à 6h du matin en Uber, nous n’avions pas de voiture .

Une gynécologue regarde et me dit "vous êtes à 5 cm il faut aller en salle d accouchement". 

A l’arrivée en salle d accouchement, j’étais bien : pas de douleur alors que j’avais des contractions. Nous discutions tranquillement avec le papa, puis d’un coup j’ai eu super mal. J’ai essayé de résister à la péridurale mais j’avais tellement mal que j’ai craqué : j’étais à 7cm.

L’anesthésiste est venu avec deux jeunes, il est reparti et m’a laissé avec eux. L’un d’entre eux me pose la péridurale, mais je sens que quelque chose ne va pas, j’alerte mon conjoint. Il me rassure mais il y a un blanc entre les 2 jeunes puis ils appellent leur responsable qui arrive. Il me re-pose la péridurale, il me couche et me demande si je vais bien, si je sens mes membres. D’un coup, je ne peux plus bouger mes pieds puis mes jambes puis tout le corps jusqu’au torse. 

Il met du froid je crois, ou du chaud sur mon corps, mais je ne sentais rien du tout ! Il m’explique que le jeune est allé trop loin avec l’aiguille, ce qui a provoqué une brèche. Il s agit d’un trou qui a été fait dans ma colonne vertébrale, juste derrière l’espace péridurale. Cela a entraîné un écoulement excessif du liquide céphalo-rachidien. Il m’annonce que mes membres vont revenir à la normale mais que si ça ne vient pas avant l’ouverture totale il me ferait une césarienne. J’étais vraiment pas contente surtout que nous n’avions pas de mutuelle et on venait de lui donner 800 dollars en cash pour avoir ma péridurale."

J’avais l’impression d’être à un match de basket

Ensuite il y a une infirmière et la gynécologue qui sont venues nous voir pour nous expliquer que nous allions avoir un bébé prématuré, qu’il ne fallait pas s’inquiéter mais qu’il est possible que bébé sorte tout bleu et qu’il ne soit pas mis sur moi s’il y avait un risque quelconque.

J’ai retrouvé mes sensations au moment de la poussée qui a duré 30 min et c’était vraiment génial, j’ai adoré. Mon conjoint et l’infirmière m’ont vraiment motivé. J’avais l’impression d’être à un match de basket. Pendant la poussée, il y avait 2 médecins de la néonatale avec la couveuse pour le bébé, l’infirmière, la gynécologue et une étudiante.

Et le moment où Jules a commencé à pointer le bout de son nez, il pleurait déjà, c’était géniale. Une fois sorti, Jules a été posé sur moi et nous avons pu profiter de ce moment tellement magique et inoubliable tous les 3. C’était le plus beau jour de notre vie pour mon conjoint et moi. Tellement d’émotions.

Je me souviens juste de la gynécologue qui me dit qu’elle n’avait jamais vu un bébé aussi rose dès la naissance. Il n’était pas du tout bleu et pleurait avant la sortie complète. Ensuite ils ont pris Jules pour voir si tout allait bien : il se portait super bien avec 2,330 kg et 47,5 cm."

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Jules est né prématurément, un début de vie pas si simple

L’accouchement ? De la rigolade à côté de cette douleur

"Je suis restée à l’hôpital 24h et ensuite ils m’ont renvoyé à la maison sans mon fils car lui était au service néonatale. J’ai eu des complications dues à la péridurale : je me sentais super bien physiquement mais impossible de me lever ou de m’asseoir. J’avais une douleur horrible aux cervicales et à la tête. Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie : l’accouchement ? De la rigolade à côté de cette douleur. Du coup je suis allée à l’hôpital et ils m’ont fait un blood patch : ils ont injecté mon propre sang dans ma colonne vertébrale pour boucher la brèche (2 fois en 2 jours car la première fois n’avait pas fonctionné).

Nous n’avons pas eu de visite à la maison car Jules est resté à l’hôpital 1 mois.

On a adoré les cadeaux pratiques : un porte bébé, un siège auto, une poussette et des bavoirs. Oui les bavoirs sont très pratiques au début car les régurgitations, il y en a beaucoup !"

Il n’avait pas les poumons assez formés

"Nous avons eu des inquiétudes par rapport à Jules, ça n’était pas des inquiétudes comme tous le monde. Jules faisait des dé-saturations éclairs pendant son sommeil (il arrêtait de respirer vraiment pas longtemps). Au départ ça n’inquiétait pas le médecin car c’était vraiment éclair, ça ne durait que quelques secondes mais le soucis c’est qu’il en faisait parfois 6 fois dans la même heure. Il lui a donc donné tous les jours de la caféine et Jules n’a plus eu de problème. Il n’avait pas les poumons assez formés. En rentrant à la maison on a du lui donner de la caféine tous les jours jusqu’à ses 4 mois puis on a fait un respirogramme pour voir si ça allait mieux, c’était heureusement fini."

je tirais mon lait la nuit en mettant un réveil

"Pour l’allaitement j’ai eu beaucoup de pression de la part de l’hôpital. Ils m’ont répété que mon fils était prématuré et que le lait maternel était vraiment bon pour lui ! Je n’ai pas pu allaiter les 2 premiers jours de sa vie car j’étais mal à cause de la péridurale et de la brèche. Ensuite Jules a été nourri avec la sonde car il était trop petit pour se nourrir seul. L’hôpital m’a fortement conseillé de tirer mon lait. Vu qu’on me disait qu’il y avait pas mieux que mon lait, je tirais mon lait la nuit en mettant un réveil. Je n’avais jamais un biberon complet. J’ai essayé pendant 1 mois puis j’ai abandonné en rentrant à la maison."

J’avais l’impression de l’abandonner, c’était horrible

"Je n’ai fait aucune préparation pour le post partum, je ne savais pas grand chose. J’ai lu un guide très bien qui est donné par l’hôpital au Canada. Je n’ai pas eu le temps d’avoir le baby blues, j’ai passé un mois avec le papa à l’hôpital tous les jours pour être auprès de Jules. Nous voulions fait le plus possible de peau à peau avec lui, c’était des moments vraiment forts que l’on n’oubliera pas.

J’ai pleuré mais pas à cause du baby blues, uniquement parce que je rentrais à la maison tous les soirs sans mon fils, c’est vraiment un déchirement chaque soir. Tu as l’impression, en rentrant chez toi, même si c’est simplement pour dormir, manger et se laver, d’être une mauvaise mère. J’avais l’impression de l’abandonner, c’était horrible. J’ai passé quelques nuits là bas mais il n’y avait pas de chambre libre, alors je dormais sur une chaise. Heureusement les femmes du service étaient vraiment géniales et gentilles."

Sabrina, le papa et Jules se retrouvent Ă  la maison

il n’y a que vous qui savez ce qui est le mieux pour vous et votre bébé

"Quand Jules est sorti de l’hôpital, une infirmière est venue 1 fois à la maison. Je n’ai pas fait de rééducation du périnée. Je n’ai aucune astuce à donner au maman ou papa, juste une chose : ne paniquez pas, tout vient naturellement. Ecoutez les conseils mais faites vous votre propre idée et surtout comme vous le sentez il n’y a que vous qui savez ce qui est le mieux pour vous et votre bébé. 

Un bébé, ça change la vie et il n’y a rien de plus beau au monde. Notre couple est encore plus soudé. Nous sommes plus heureux que jamais"

J’ai repris l’école, une formation professionnelle en cuisine

"Nous avons la chance au Canada d’avoir un an de congé : congé parentale + congé maternelle. C’est vraiment super. Bien sûr à 12 mois le moment de la garderie était difficile plus pour moi que pour lui.

J’ai eu du mal à trouver un système de garde. Je me suis inscrite lorsque j’étais enceinte de 3 mois et j’ai eu une place quand Jules avait 10 mois . 

J’ai repris l’école, une formation professionnelle en cuisine. C’était plutôt cool et ça m’a fait du bien d’avoir à nouveau une vie sociale même si mon fils me manquait énormément et me manque toujours. Je sais que la garderie lui fait du bien. Il voit des copains et apprend plein de choses. Au Canada, il y a des garderies jusqu’aux 5 ans de l’enfant car il n’y a pas d’école maternelle."

Merci Sabrina pour ton expérience, tu es précieuse, prend soin de toi et de Jules <3