Maureen & Ămilia : rĂ©cit d'un accouchement physiologique - Partie 1
Maureen a mis au monde Ămilia il y a 2 ans et pourtant ses souvenirs sont intacts. De la grossesse Ă lâaccouchement, Maureen nous livre de dĂ©licieux dĂ©tails qui redonnent confiance en un accouchement serein. Comment se connecter Ă son corpsâŻ? Comment ne pas accepter lâimage mĂ©dicalisĂ©e de la femme qui donne vieâŻ? Maureen vous livre son expĂ©rience incroyable et si intĂ©ressanteâŻ! Bonne lectureâŠ
Qui es-tu�
PrĂ©nomâŻ: Maureen
Age actuelâŻ: 31 ans
PrĂ©nom de mon enfantâŻ: Ămilia
Age actuelâŻ: 2 ans
Une fausse couche prĂ©coce ou non, câest douloureux
Du fait de ce dĂ©sir viscĂ©ral dâabriter la vie
Je suis tombĂ©e enceinte juste aprĂšs le retrait de mon stĂ©rilet. Jâavoue que je ne mâattendais pas Ă ce que cela se fasse aussi vite. Ce petit bonheur fut de courte durĂ©e, puisque 3 jours plus tard, je perdais mon bĂ©bĂ©. Sur les conseils de ma gynĂ©cologue, nous avons attendu mon retour de couche avant de nous lancer Ă nouveau. Si cela mâa paru long, du fait de ce dĂ©sir viscĂ©ral dâabriter la vie, il nâaura fallu que 4 mois aprĂšs ma fausse-couche pour que je sois de nouveau enceinte.
Jâavais envie de le crier au monde entier !
Je me souviens que je scrutais avec impatience le moindre signe. Pour ma 1Ăšre grossesse, jâavais ressenti une forte tension dans la poitrine un soir, chose qui ne mâĂ©tait jamais arrivĂ©e mĂȘme lors de mon cycle. Jâai pressenti que jâĂ©tais de nouveau enceinte alors que jâĂ©tais au travail. Ce jour-lĂ je suis allĂ©e pas moins de 9 fois faire pipi ⊠Comme je le dis parfois, je suis une pisseuse, mais Ă cette cadence câĂ©tait sĂ»r je devais avoir de lâaide ⊠comme une petite graine amarrĂ©e dans mon utĂ©rus, qui venait chambouler tout mon fonctionnement interne par exemple. Jâai attendu dâavoir du retard, soit quelques (interminables) jours, avant dâeffectuer un test de grossesse.Â
CâĂ©tait un samedi matin, trĂšs tĂŽt. Le test a virĂ© positif tellement vite, je nâen revenais pas ! Je suis tout de suite allĂ©e chez ma gynĂ©co, en prenant garde de ne pas rĂ©veiller mon chĂ©ri. Elle mâa reçu entre 2 patientes, mâa examinĂ© et mâa confirmĂ© que jâĂ©tais enceinte. TrĂšs prĂ©cautionneuse, au vu de ma fausse couche, elle mâa prescrit une prise de sang pour contrĂŽler lâaugmentation de mon taux de BĂȘta-HCG (qui indique lâĂ©volution dâune grossesse).Â
Je suis vite rentrĂ©e chez moi pour annoncer cette merveilleuse nouvelle Ă mon compagnon. Celui-ci dormait toujours. Je me suis donc faufilĂ©e dans la chambre, jâai glissĂ© un paquet Ă cĂŽtĂ© de son oreiller et lâai doucement rĂ©veillĂ©. Il a su rien quâen sentant le paquet, qui renfermait un tee-shirt avec inscrit « Papa au rhum » (oui câest un grand amateur !).Â
Jâavais envie de le crier au monde entier !
Pendant plusieurs jours jâai scrutĂ© la moindre tĂąche de sang, de peur de vivre une autre fausse couche. Puis un matin, jâai dĂ©cidĂ© de vivre pleinement mon bonheur et de ne pas aller chercher ce que je ne voulais pas voir se produire. A partir de ce moment, jâai vĂ©cu une grossesse des plus merveilleuses.
JâĂ©tais enceinte dâun mois et demi lorsque nous avons dĂ©cidĂ© dâannoncer la nouvelle Ă nos famille (je nây tenais plus Ă vrai dire, jâavais besoin de le dire Ă mes parents de qui je suis trĂšs proche !).Â
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Notre bĂ©bĂ© va avoir un bĂ©bĂ©Â !Â
Pour mes parents, jâavais prĂ©parĂ© un petit coffret avec au fond la photo de mon Ă©cho, un doudou lapin et une lettre du futur bĂ©bĂ© leur demandant de prendre soin de son compagnon le temps de son arrivĂ©. Bizarrement, mon pĂšre a rĂ©agi avant ma mĂšre qui Ă©tait totalement scotchĂ©e ! Ils sont restĂ©s interdit quelques instants puis fou de bonheur « Notre bĂ©bĂ© va avoir un bĂ©bĂ©Â ! » . Pour mes grands-parents maternels, de qui je suis trĂšs proche, jâavais pris un bouquet de fleurs avec des petits chaussons piquĂ©s au centre pour ma grand-mĂšre, et un jeu Ă gratter personnalisĂ© pour mon grand-pĂšre (qui adore ça). Ils Ă©taient tous les deux Ă©mus, et jâai appris que mon grand-pĂšre le savait dĂ©jĂ (il lâavait senti, tout comme il avait senti pour ma fausse-couche, et savait le sexe de mon bĂ©bĂ© lorsque jâai eu mon Ă©cho de datation). Si jâai annoncĂ© seule ma grossesse Ă ma famille (plus dâun point de vue organisationnel, Ă vrai dire, nous ne nous sommes pas posĂ© la question), nous avons fait lâannonce Ă mes beaux-parents ensemble, au cours dâun diner. Mon beau-pĂšre Ă©tant amateur de vin, nous avions pris une bonne bouteille oĂč jâavais collĂ© une Ă©tiquette personnalisĂ©e avec notĂ© « ChĂąteau la Cigogne ». A peine avait-elle aperçu lâĂ©tiquette que ma belle-mĂšre a dit « Tâes enceinte ?! ». Bien que plus mesurĂ©s et pudiques que ma famille, eux aussi Ă©taient trĂšs contents de cette annonce (mon compagnon a 3 frĂšres ainĂ©s et il y a dĂ©jĂ deux petits-enfants ; pour ma part, je suis fille unique).
A mon petit groupe de meilleures amies, je leur ai annoncĂ© lors dâun petit goĂ»ter entre filles. Elles ont tout de suite devinĂ© et ont tout voulu savoir. A tous nos amis, ce fut lors de la fĂȘte dâanniversaire de mon compagnon, alors que jâĂ©tais Ă 3 mois de grossesse. Je portais un tee-shirt de grossesse avec un dessin assez explicite pour lâoccasion.
Un souffle précieux dans ce deuil que nous vivions
Nous avions projetĂ© dâaller annoncer la nouvelle Ă ma famille proche en province lors dâun week-end. Mais cela nâa pu se faire car ma tante, trĂšs malade depuis des annĂ©es, nous a quittĂ© avant que je ne puisse le lui dire. Ce fut un vĂ©ritable dĂ©chirement de nâavoir pu partager cela avec elle avant quâelle ne nous quitte. Ma mĂšre le lui a soufflĂ© sur son lit dâhĂŽpital alors quâelle Ă©tait en rĂ©animation, elle savait que son temps Ă©tait comptĂ©. Câest comme ça que mes deux cousines lâont appris. Ma tante Ă©tait comme une seconde maman. Elle sâappelait Emilie. DâoĂč le prĂ©nom de ma fille, Ămilia (le choix ne fut pas immĂ©diat mais câĂ©tait une telle Ă©vidence lors quâil mâest venu en tĂȘte et mon compagnon partageait ce sentiment). Câest lors de notre venue pour les obsĂšques que jâai annoncĂ© Ă ma filleule (la fille de ma cousine la plus ĂągĂ©e, qui est par ailleurs ma marraine) quâelle allait devenir marraine. Je lui avais fait faire un petit marque page personnalisĂ©, elle qui dĂ©vore les livres. Ce fut un moment plein dâĂ©motions. Dâun cĂŽtĂ© nous perdions une personne inestimable, et de lâautre nous allions accueillir un petit bout de vie tout aussi inestimable. Ce petit bout Ă venir nous a donnĂ© un souffle prĂ©cieux dans ce deuil que nous vivions.
Pour le parrain, jâavais fait faire un petit porte-clef. Pour mes beaux-frĂšres et belles-sĆurs, je crois que nous avons dĂ» lâannoncer Ă un diner, mais lĂ mes souvenir sont flous. CâĂ©tait important pour moi de pouvoir lâannoncer Ă chacun avec un petit geste particulier qui venait ponctuer cette nouvelle si importante. Jâai toujours plaisir Ă chercher et prĂ©parer ce genre de petites attentions. Mon compagnon sâest laissĂ© guidĂ© mais jâai Ă chaque fois pris soin de lui montrer ce que je prĂ©parais, parce quâil Ă©tait important quâil puisse ĂȘtre impliquĂ© ⊠Si je portais ce bĂ©bĂ©, nous Ă©tions deux Ă lâavoir dĂ©sirĂ© et crĂ©Ă©.Â
Pour le travail, mes souvenirs sont flous aussi. Je lâai rapidement annoncĂ© Ă ma directrice qui Ă©tait au courant de ma fausse-couche, ainsi quâĂ une collĂšgue qui mâa Ă©paulĂ© lorsque jâai dĂ©couvert que je perdais mon premier bĂ©bĂ©. Mais dans lâensemble, tout le monde sâest rĂ©joui Ă lâannonce de ma grossesse.
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Une grossesse de rĂȘve⊠ou presqueâŻ!
Tout Ă©tait Ă sa place, jâĂ©tais en harmonie avec mon corps et mon esprit
Mise Ă part mon envie trĂšs prĂ©sente de faire pipi les 1ers jours, et une micro-crise de remontĂ©es acides un soir en fin de grossesse, je peux dire que jâai passĂ© une grossesse de rĂȘve ! Etant danseuse et professeure de danse orientale, jâai donnĂ© mes cours jusquâĂ deux semaines avant mon accouchement. Dâailleurs, Ă la toute fin, je sentais parfois ma sciatique qui tirait un peu si je ne dansais pas. Je ne me suis jamais sentie aussi Ă©panouie et bien dans ma peau que lors de cette pĂ©riode de ma vie⊠Moi qui suis plutĂŽt du genre stressĂ©, jâĂ©tais devenue tellement sereine et zen. Jâavais cette intime conviction que tout Ă©tait Ă sa place, jâĂ©tais en harmonie avec mon corps et mon esprit.Â
Jâavais un peu peur pour la prise de poids, mais celle-ci a Ă©tĂ© des plus raisonnables, puisque je nâai pris que 9kg, et ces derniers Ă©taient surtout bien stockĂ©s dans mon ventre rond comme un ballon ! (bon, et un peu dans mes cuisses, je lâavoue, mais le ventre prenant toute la place, le reste mâĂ©tait difficile Ă voir !)
Nous nâavons observĂ© aucune couvade du cĂŽtĂ© du papa, aucun changement physique apparent.
Au tout dĂ©but, les 2 premiĂšres semaines, jâavais une envie ⊠de malbouffe, de choses plutĂŽt bien riches. Cette envie est assez vite passĂ©e et je nâai observĂ© aucun changement particulier dans mon alimentation par la suite. Etant non fumeuse, ne consommant pas du tout dâalcool, trĂšs peu de charcuterie, il nây a que pour le fromage oĂč jâai veillĂ© Ă respecter les recommandations (en rapport avec le lait cru), mais cela sâest fait assez facilement et sans soucis. Jâarrivais Ă ĂȘtre Ă lâĂ©coute de mes envies, tout en mangeant de façon Ă©quilibrĂ©e.
Je me suis orientée trÚs progressivement vers des produits plus sains
Si jâavais eu une petite prise de conscience avant ma grossesse, câest pendant cette pĂ©riode que jâai vraiment commencĂ© Ă faire attention aux produits que jâutilisais. Je me suis orientĂ©e trĂšs progressivement vers des produits plus sains (bio et naturel) pour moi, mais jâai surtout veillĂ© Ă acheter des produits dit « clean » pour mon bĂ©bĂ©. Je me suis informĂ©e en amont sur un groupe Facebook « Objectif BĂ©bĂ© Bio » afin de connaitre ce qui Ă©tait le plus recommandĂ© et choisir en connaissance de cause, que ce soit pour les couches, le savon pour le bain, le liniment pour le change. Et jâai continuĂ© par la suite Ă affiner mes recherches en ce qui concerne les vitamines pour bĂ©bĂ© (vitamine D), les crĂšmes pour le change ou pour le corps en cas de peau atopique (ma fille ayant fait un peu dâeczĂ©ma plus petite).
Il y a presque 2 ans, une de mes belles sĆurs mâa offert Ă NoĂ«l des produits bio, naturels tels que savon et shampoing solides. Depuis je nâutilise que ce type de produits et suis mĂȘme passĂ© au dĂ©odorant et dentifrice solides (afin de rĂ©duire notamment les dĂ©chets).
Merci Ă la grossesse et la belle-sĆur pour ce petit coup de pouce !
La prĂ©paration Ă lâaccouchement, câest tout au long de la grossesseâŻ!
Un franc parlĂ©, de lâhumour, des anecdotes, le tout confortablement installĂ© sur un matelas
Une amie mâavait parlĂ© de la sage-femme libĂ©rale qui lâavait suivi pour sa premiĂšre grossesse, car elle Ă©tait sĂ»re que ça pourrait matcher avec elle ⊠Et elle ne sâĂ©tait pas trompĂ©e. Une professionnelle bienveillante, douce, de lâempathie Ă revendre. Jâai donc optĂ© pour un suivi sage-femme en plus du suivi avec ma gynĂ©cologue de ville, chez qui jâeffectuais une visite par mois et les 3 Ă©chographies officielles auxquelles a assistĂ© mon compagnon.
Baptiste Ă©tait prĂ©sent lors du premier rendez-vous avec la sage-femme. Elle nous a parlĂ© de lâalimentation, du fonctionnement du cerveau et des modifications quâil rencontre lors de la grossesse. Nous nâĂ©tions pas perdus puisquâĂ vrai dire, ayant des problĂšmes de thyroĂŻde je me retrouvais dĂ©jĂ bien dans ce fonctionnement, nous en avons bien ri dâailleurs.
Elle proposait des cours de prĂ©paration Ă lâaccouchement classiques ainsi que des ateliers de sophrologie. Jâai souhaitĂ© opter pour les deux. Baptiste, mon compagnon, ne pouvait malheureusement pas ĂȘtre prĂ©sent pour tous les cours de prĂ©paration classiques du fait de ses horaires de travail. Mais il a rĂ©ussi Ă sâarranger pour pouvoir ĂȘtre prĂ©sent pour ceux que nous pensions le plus pertinent, afin quâil puisse avoir lui aussi certaines informations, comme pour les diffĂ©rents types dâaccouchement, les choses un peu plus techniques.Â
Les cours de prĂ©paration classique Ă©taient trĂšs intĂ©ressants, pleins dâinformations diverses et variĂ©s, et ce qui me plaisait surtout câĂ©tait la façon dont la sage-femme animait ces sĂ©ances : un franc parlĂ©, de lâhumour, des anecdotes, le tout confortablement installĂ© sur un matelas et pleins de coussins en tout petit groupe restreint. Pour la sophro, nous avons fait pas mal de visualisation, de relaxation. Assez rĂ©ceptive, je me suis volontiers laissĂ© guider dans ces exercices. Comme jâĂ©tais trĂšs sereine et confiante, les outils proposĂ©s Ă©taient totalement en phase avec mon Ă©tat dâesprit et jâai pu me les approprier, en les rĂ©ajustant Ă ma personnalitĂ© ou mes envies au besoin.
Je préciserais que ma propre naissance a été traumatique
Je dirais nĂ©anmoins que ce qui mâa le mieux guidĂ© lors de ma grossesse a Ă©tĂ© la lecture dâouvrages qui mâont totalement confortĂ© dans mon projet de naissance et la confiance que jâavais en mon corps Ă enfanter. Je prĂ©ciserais que ma propre naissance a Ă©tĂ© traumatique. Ma mĂšre ne mâa jamais cachĂ© le dĂ©roulement de son accouchement car pour elle cet Ă©vĂšnement fait partie intĂ©grante de ma vie, de mon histoire. Cela nâa jamais Ă©tĂ© un tabou, elle mâen a toujours parlĂ© le cĆur ouvert, et je lui en suis infiniment reconnaissante car grĂące Ă elle jâai pu prendre le contrepied et rĂ©parer le vĂ©cu de ma venue au monde en donnant naissance de façon respectueuse. Elle a subi ce que lâon appelle des violences obstĂ©tricales. Elle sâest vue contraintes de prendre la pĂ©ridurale (par chantage, menaces) dont la pose a Ă©tĂ© un vĂ©ritable cauchemar. Elle en garde aujourdâhui encore des sĂ©quelles physiques et psychiques.
Jâai pris conscience de ce que ma mĂšre avait vĂ©cu, de cette image trĂšs mĂ©dicalisĂ©e que vĂ©hicule la sociĂ©tĂ©, les Ă©missions tĂ©lĂ©, les sĂ©ries, les mĂ©dias, la vision de la femme qui se doit dâĂȘtre guidĂ©e par le corps mĂ©dical pour mettre un enfant au monde, qui se fait accoucher, ⊠Je voulais tout simplement autre chose pour ma fille, pour moi, pour ma famille. Cette image nâĂ©tait absolument pas en phase avec mes ressentis, mes dĂ©sirs, mes besoins. Les trois livres qui ont contribuĂ© Ă mon Ă©veil et Ă assoir ma vision de la naissance ont Ă©tĂ© « Accoucher par soi-mĂȘme » (de Laura Kaplan Shanley), « Le guide de la naissance naturelle » (de Ina May Gaskin) et « Lâenfantement : entre puissance, violence et jouissance » (de HĂ©lĂšne Goninet). Trois livres qui mâont fait comprendre que cette certitude viscĂ©rale et cette confiance en mon corps que je ressentais Ă©taient ce quâil y avait de plus juste pour moi et quâil me fallait les Ă©couter et me laisser bercer par ces ressentis archaĂŻques et profonds.Â
Comme par exemple employer le mot vague Ă la place du mot contraction
Jâai Ă©galement rencontrĂ© une belle Ăąme. Amandine, professeur de yoga et doula (ce que je nâavais pas saisi au dĂ©part, car je ne connaissais pas encore ce mĂ©tier) en Bretagne proposait un sĂ©minaire dâune semaine autour de la grossesse et de la naissance respectueuse. Nâayant pas assez de congĂ©s, je lâai contactĂ© pour savoir si elle proposait des sĂ©ances individuelles et si nous pouvions la rencontrer lors dâun week-end en Bretagne. Câest ainsi quâavec mon compagnon nous lâavons rencontrĂ©. Jâai pu faire un atelier de yoga prĂ©natal et une sĂ©ance de prĂ©paration Ă la naissance plaisir. Cette rencontre a consolidĂ© mes certitudes et jâai Ă©galement conscientisĂ© mon vocabulaire. En effet, Ă©tant dans une dĂ©marche de dĂ©construction de ma vision de la naissance et de conditionnement positif, il Ă©tait important de pouvoir adapter aussi mes mots pour que cela puisse avoir une juste rĂ©sonnance. Comme par exemple employer le mot vague Ă la place du mot contraction, ou employer des affirmation positive plutĂŽt que des pensĂ©es nĂ©gative (« Je ne veux pas dâĂ©pisio » = « je suis le juste moule pour mon bĂ©bé »).
Je me suis saisi des outils quâAmandine mâavait transmis Ă travers le yoga et la sĂ©ance de prĂ©paration de façon quotidienne. Tous les matins, je pratiquais quelques postures de yoga et tous les soirs, dans mon lit avant de mâendormir, je faisais des visualisations. Je visualisais mon bĂ©bĂ©, mon utĂ©rus rempli de ma fille et de son placenta, mon col de lâutĂ©rus, ma respiration et le lien entre mon cĆur et mon bĂ©bĂ©, et je lui envoyĂ© pleins de pensĂ©es positives. Je lui disais que le jour quâelle aurait choisi pour naĂźtre elle descendrait dans mon bassin, puis se faufilerait dans mon canal de naissance, que mon col sâouvrirait comme une fleur qui Ă©clot pour la laisser passer, que mon vagin serait le juste moule pour elle.
Lors de notre rencontre, Amandine a Ă©galement pu montrer les points de pression Ă Baptiste pour le jour de lâaccouchement afin de mâapporter un soutien lors des vagues.
Que ce serait véritablement à lui de venir créer, construire, chercher sa place auprÚs de son bébé
En ce qui concerne le post partum, Ă©tant Educatrice de Jeunes Enfants de mĂ©tier, jâavais un bagage professionnel et des connaissances qui mâont permis dâĂ©changer longuement avec mon compagnon pour lâinformer et discuter de la place du pĂšre, la crĂ©ation du lien, la dyade mĂšre-enfant, en lâinvitant Ă ĂȘtre acteur dans sa paternitĂ© et lui transmettre quâune fois en scĂšne je serais maman avant toute chose, et dans lâaction. Jâai voulu lui transmettre quâil ne me serait pas toujours possible de prendre du recul, de lâinviter Ă entrer dans cette dyade, que ce serait vĂ©ritablement Ă lui de venir crĂ©er, construire, chercher sa place auprĂšs de son bĂ©bĂ© et de ne jamais hĂ©siter Ă le faire, Ă demander, Ă questionner. Ces Ă©changes Ă©taient pour moi essentiels, car ce processus de crĂ©ation de la vie et lâaccueil dâun bĂ©bĂ© peut ĂȘtre une chose totalement abstraite pour une homme. Il vit des chamboulements psychiques et biologiques mais vit lâarrivĂ©e de ce bĂ©bĂ© au travers du corps de sa partenaire.
Il mâa regardĂ© avec un petit sourire entendu en lĂąchant un « oui »
JâĂ©tais trĂšs impatiente de connaĂźtre le sexe du bĂ©bĂ©Â ! Plus jeune, mon envie se portait plutĂŽt sur un garçon. Puis quand jâai rencontrĂ© Baptiste, ma prĂ©fĂ©rence sâest inversĂ©e. Il faut dire que la derniĂšre naissance dâune fille dans sa famille dans la lignĂ©e paternelle remonte Ă sa tante en 1960. Et puis, depuis toute petite jâavais cette image de transmission de mĂšre en fille, depuis mon arriĂšre-grand-mĂšre maternelle. Il y avait quelque chose de lâordre de la continuitĂ©, de la logique, du symbolique. Baptiste, lui, avait une petite prĂ©fĂ©rence pour un garçon, car un garçon câĂ©tait un peu moins lâinconnu.
Lors de lâĂ©chographie du premier trimestre, la gynĂ©co avait une idĂ©e du sexe du bĂ©bĂ© mais a prĂ©fĂ©rĂ© ne rien dĂ©voiler et attendre le prochain rendez-vous pour ĂȘtre sure et confirmer son pronostic. En Ă©changeant avec une de mes deux cousines de province, qui avait eu six enfants (cinq garçons et une fille), je lui ai envoyĂ© la photo de lâĂ©chographie afin dâavoir son avis sur le sexe du bĂ©bĂ©, au vu de sa « petite » expĂ©rience personnelle. De ce quâelle observait du bourgeon gĂ©nital et de son point de vu non professionnel, il lui semblait voir ⊠une fille ! Bien sĂ»r, nous savions toutes deux quâelle nâĂ©tait en aucun cas mĂ©decin, gynĂ©co ou sage-femme et quâil sâagissait de son avis propre basĂ© sur son expĂ©rience, et bien que je ne voulais pas mâemballer, je sentais une certaine excitation montĂ©e en moi. Cette excitation a montĂ© dâun cran lorsque, en Ă©changeant avec mon grand-pĂšre, je lui fis part de cet Ă©change avec ma cousine et de son avis sur le sexe du bĂ©bĂ©. Il mâa regardĂ© avec un petit sourire entendu en lĂąchant un « oui », aprĂšs mâavoir dit quâil savait. Il a ce don mon grand-pĂšre, de sentir les choses, et jâai toute confiance en ses ressentis et ce don. Tout cela mâavait donnĂ© encore plus hĂąte dâavoir le pronostic de ma gynĂ©co. Mon compagnon, lui, nâa pas voulu connaĂźtre le pronostic fait lors de ces Ă©changes. Il souhaitait attendre la rĂ©ponse de la gynĂ©co, attendre dâavoir une rĂ©ponse sĂ»re, ce que je comprenais tout Ă fait et ai tentĂ© de respectĂ© au mieux. Mais câest que cette petite boule de bĂ©bĂ© se faisait dĂ©sirer ⊠Un coup câĂ©tait encore trop tĂŽt pour la gynĂ©co, une autre fois cette crevette nâĂ©tait pas dĂ©cidĂ©e Ă nous montrer le meilleur profil. Puis vint lâĂ©chographie de second trimestre et cette fois-ci, ce fut la bonne ! La gynĂ©cologue nous confirma Ă Baptiste et moi quâil sâagissait dâune fille !
Quand la grossesse arrive sur sa finâŠ
Je suis allée me préparer une assiette de pùtes vers 1h du matin
Alors que jâĂ©tais Ă deux semaines de mon terme, un dimanche soir vers 21h30, jâai commencĂ© Ă sentir de lĂ©gers tiraillements, comme lors de mon syndrome prĂ©menstruel lorsque je sens mes ovaires travailler. A noter que nous avions bien marchĂ© en fin dâaprĂšs-midi, et jâavais senti mon ventre assez lourd. Je me souviens que jâĂ©tais en train de peindre un cadre pour la chambre de notre fille. Cette sensation ne me quittant pas, jâai fini par avoir la puce Ă lâoreille et jâai envoyĂ© un message Ă ma mĂšre. Elle Ă©tait bien en peine de pouvoir me rĂ©pondre quoi que ce soit car elle nâavait jamais ressenti de contractions pour moi. Ce soir-lĂ , jâai Ă©galement Ă©changĂ© avec ma marraine (lâainĂ©e de mes cousines de Normandie). Selon elle, au vu de ce que je lui dĂ©crivais, il y avait de fortes chances pour que le travail ait dĂ©butĂ©. Jâai averti Baptiste qui venait de se coucher que je devais ĂȘtre en travail, et quâil y avait de fortes chances pour quâil nâaille pas au travail le lendemain matin ! La fin de soirĂ©e et le dĂ©but de nuit promettait dâĂȘtre palpitant ⊠Je commençais Ă me sentir excitĂ©e, je me connectais Ă chaque sensation, chaque ressenti, chaque signe que mon corps mâenvoyait. Ces tiraillements Ă©taient dĂ©sormais bien prĂ©sents, avec un espacement assez alĂ©atoire.
Il devait ĂȘtre 23h30 passĂ© quand jâai dĂ©cidĂ© de prendre une douche bien chaude. Je me suis dit que cela mâaiderait Ă vĂ©rifier quâil ne sâagissait pas dâun faux travail. De fait, ces tiraillements ont continuĂ© malgrĂ© lâeau chaude (et pour mon plus grand bonheur, puisque cela voulait dire que notre petite prunelle Ă©tait en chemin !).
Tout en continuant Ă Ă©changer des messages avec ma mĂšre et ma marraine, je suis allĂ©e me prĂ©parer une assiette de pĂątes vers 1h du matin, en pensant aux conseils de ma sage-femme qui nous avait dit de ne pas hĂ©siter Ă prendre des forces avant de nous rendre Ă lâhĂŽpital, au cas oĂč nous nâaurions pas le temps ou lâoccasion de le faire une fois sur place. Jâai mangĂ© avec appĂ©tit, en savourant ces instants hors du temps qui nâappartenait quâĂ moi, ces derniers instants en tĂȘte Ă tĂȘte avec mon bĂ©bĂ© rien que pour moi. AprĂšs mon repas, jâai tentĂ© dâaller me reposer. Jâai comatĂ© un petit moment, puis je me suis levĂ©e, je suis retournĂ©e dans le salon un petit moment, je suis repartie me coucher et jâai comatĂ© encore un petit moment. Entre temps, jâai appelĂ© la maternitĂ© pour leur dĂ©crire mes sensations, leur transmettre quâun peu plus tĂŽt en fin de soirĂ©e jâavais perdu ce que je pensais ĂȘtre le bouchon muqueux. Mon interlocutrice mâa posĂ© quelques questions et mâa confirmĂ© que jâĂ©tais trĂšs probablement en dĂ©but de travail, mais quâil Ă©tait possible de patienter encore un peu avant de venir. AprĂšs avoir attendu un bon moment, avoir profitĂ© de la quiĂ©tude de mon lit Ă cĂŽtĂ© de mon compagnon endormi, je sentais que les tiraillements prenaient de lâampleur ⊠ou Ă©tait-ce Ă©galement mon impatience et mon excitation qui exacerbaient mes ressentis ?! Jâai fini par rĂ©veiller Baptiste vers 5h. Nous nous sommes prĂ©parĂ©s, trĂšs tranquillement. Une heure plus tard, nous prenions la valise et descendions Ă la voiture ⊠Tout sourire, jâavais lâimpression que nous partions en excursionâŻ! On ressemblait plus Ă de futurs vacanciers quâĂ de futurs parents !
Si les aventures de Maureen et Ămilia vous passionnent, dĂ©couvrez la suite dans la deuxiĂšme partie de son tĂ©moignageâŻ!