Don d'ovocytes : le témoignage de Marie pour comprendre cette démarche
Le don d’ovocyte est rare : 777 donneuses en France en 2018. Cette même année, 1137 couples ont pu recevoir un don d’ovocytes, 343 bébés sont nés. Cette démarche altruiste est méconnue du grande public, pourtant cela aide de nombreux couples à démarrer une grossesse et à connaître la joie d’être parents. Pourquoi et comment donner ? Il s’agit d’une démarche forte et engagée. Marie, fondatrice du podcast pour maman "Maman bosse", témoigne de cette expérience et nous offre son ressenti. Bonne lecture…
Le témoignage de Marie sur le don d’ovocytes
Bonjour Marie ! Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Marie, j’ai 38 ans. Je suis maman de deux enfants et j’ai lancé en 2020 le podcast Maman Bosse.
Tu as entamé une démarche rare : le don d’ovocytes. Comment t’es venue cette idée, pourquoi ? et quand ?
J’ai été transfusée à plusieurs reprises à l’issue de mon premier accouchement et j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’idée de donner à mon tour. Ayant été transfusée, je ne pouvais plus donner mon sang, je me suis donc intéressée aux différents dons du vivant possibles.
Cette envie étant en lien avec mon accouchement, le don d’ovocyte m’a paru assez évident. J’ai également été sensibilisée au sujet à travers des parcours de femmes en PMA que j’ai rencontrées.
Combien de temps s’est passé entre ton envie et le début de la démarche ? As tu beaucoup réfléchi ? Hésité ? A qui en as tu parlé ? Ton mari t’a soutenu ?
En fait c’est un projet que j’ai mûri assez longtemps. Je lisais de temps en temps des choses sur le sujet, je me tenais informée. Je savais aussi qu’il existait un âge limite pour faire ce don (37 ans). Je n’ai pas vraiment hésité, mais j’ai pris le temps de bien me documenter. J’en ai peu parlé autour de moi avant et pendant cette phase de "maturation", mais par contre j’en ai parlé librement pendant le processus. Il faut savoir que l’accord du conjoint est obligatoire pour entamer la démarche.
Tes enfants sont-ils au courant ? Si non, pourquoi ? Si oui, comprennent-ils ce que cela signifie ?
Je n’ai pas expliqué en détail le processus à mes enfants, qui étaient petits. Mais je leur en parlerai certainement dans le futur.
Comment vois-tu le fait que tu as fait don d’ovocytes et donc de ton ADN ? Penses-tu régulièrement à ces ovocytes qui sont peut-être devenus des enfants ? Penses-tu que tu auras envie de les rencontrer un jour ou est-ce complètement déconnecté de ta démarche ?
C’est un sujet très personnel et chaque femme doit l’appréhender à sa façon. Personnellement, je n’y pense jamais.
Pour moi il y a une immense différence entre un ovocyte et un enfant. Etre mère, c’est quelque chose de très intime, personnel et profond, bien au-delà de la biologie.
Je pense surtout qu’il faut être très au clair sur ce point pour vivre sereinement son don. C’est d’ailleurs une question qui est abordée lors de l’entretien préalable obligatoire avec une psychologue.
Comment as tu commencé les démarches ? Peux-tu expliquer concrètement comment ça se passe (piqûres, douleurs, préparation, combien te prend-on d’ovocytes, à qui servent-ils ?) ? Où aller ? Qui faut-il aller voir ? où cela se passe-t-il ? Y-a-t-il des frais pour toi ? est-ce anonyme ?
La première chose à faire pour obtenir tous les renseignements, c’est de contacter le CECOS de sa région.
En amont du don, il y a des examens médicaux qui permettent de savoir si on est éligible au don et également d’écarter certaines pathologies génétiques.
Ensuite, le parcours est exactement le même que pour une FIV et s’arrête simplement à la ponction. Il s’agit donc d’une stimulation avec injonction quotidienne pendant 10 à 15 jours, contrôle échographique et prise de sang environ3 fois par semaine. La ponction est réalisée à l’hôpital, en anesthésie générale ou locale selon les établissements et se réalise sur une journée.
En France le don n’est pas rémunéré, mais il n’engendre aucun frais. C’est à dire que tous les frais liés à ce don sont pris en charge (frais médicaux, transport, arrête de travail, garde d’enfants si nécessaire…).
Penses-tu recommencer ? En as-tu le droit ? des regrets ou au contraire, très heureuse de l’avoir fait ?
Oui, on peut réaliser ce don plusieurs fois, mais je crois qu’il existe une limite. Je ne suis pas très informée sur ce point car ce n’est pas mon choix, j’ai réalisé un seul don.
Je suis très heureuse d’avoir réalisé ce don, qui est en phase avec mes valeurs et mes convictions. L’idée d’avoir peut être pu permettre à une autre femme de devenir mère, qui le désire et qui traverse un parcours compliqué, est quelque chose qui me tenait très à cœur.
Je n’ai aucun regret car j’ai pris le temps de me renseigner, de bien poser toutes mes questions au CECOS et je crois que c’est la clé pour vivre son don sereinement.
Afin d’en savoir plus sur l’histoire de Marie, vous pouvez écouter le podcast Bliss, Episode 92 : Marie, pourquoi j’ai donné mes ovocytes
Les informations clés pour tout savoir sur cette démarche
CECOS, c’est quoi ?
Il existe 31 CECOS en France. Ils sont implantés dans des CHU (centre hospitalier universitaire). Un CECOS a plusieurs missions dont 2 prioritaires :
1) aider les couples, rencontrant des problèmes de stérilité, à fonder une famille
2) préserver la fertilité d’hommes et femmes, pouvant rencontrer des problèmes de stérilité (cancer, traitements…)
Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le site de CECOS.
Qu’est-ce un ovocyte ?
L’ovocyte est la cellule reproductrice destinée à être fécondée par un spermatozoïde. Lorsqu’une petite fille née, elle a une réserve d’environ 1 million d’ovules.
Pourquoi faire un don d’ovocytes ?
Le don d’ovocyte permet à des couples, qui ne peuvent pas, d’avoir un enfant. Les femmes peuvent ne pas avoir assez d’ovocytes, ou de mauvaise qualité. Si elles ont suivi un traitement lourd (cancer), cela peut également avoir détruit la réserve. De plus, les femmes ayant une maladie grave, ne voulant pas la transmettre à leur enfant peuvent également y avoir recours.
Qui peut-être donneuse d’ovocytes et quelles sont les conditions ?
Toutes les femmes remplissant ces critères :
Avoir entre 18 et 37 ans
Avoir l’accord de son partenaire si la donneuse est en couple
Etre en bonne santé
Depuis 2011, il n’est plus nécessaire d’avoir soi même des enfants pour donner ses ovules.
Quelles sont les démarches pour donner ses ovules ?
Il suffit de prendre RDV dans un centre CECOS et débutera le processus dont plusieurs RDV : médecin coordinateur, gynécologue, anesthésiste, généticien et psychologue. Il vous faudra également réaliser des prises de sang.
L’actualité bouge pour le don d’ovocytes
La loi de bioéthique d’août 2021 vient d’être modifiée. Les sites concernant le don de gamètes vont être amenés à être modifiés. Vous pouvez également vous rendre sur le site Don d’ovocytes pour compléter vos informations.